Encore un film de possession ? Encore un film supposément tourné en found-footage ? Encore un film de série B aux sursauts faciles ? C’est à peu près ça dans les grandes lignes mais à quelques légères variantes près. Les quelques touches d’originalité de « L’étrange cas Deborah Hogan » ne parviennent définitivement pas à le différencier du lot des productions bas de gamme horrifiques qui sortent à la pelle sur les écrans ou sur Netflix. Difficile d’égaler « L’Exorciste », « Stigmata » ou « The Conjuring » dans la réussite d’un film d’horreur digne de ce nom ou de nous procurer à l’heure actuelle un lot de frissons proche du minimum requis. Pourtant tout n’est pas à jeter ici, loin s’en faut, mais le mauvais sure tout de même le bon.
Le fait d’approcher le fantastique et l’occulte par le biais de la science et de la maladie d’Alzheimer est une gageure et c’est la principale qualité du long-métrage. Au début, les prémices de cette maladie semblent normales mais très vite ses excès commencent à s’apparenter au paranormal et à devenir étranges et dérangeants ; en sachant dès le départ bien entendu que c’est la seconde option qui va prévaloir. Cependant le réalisateur use et abuse d’effets déjà vus et revus un peu partout dans le domaine, de la vieille dame rachitique qui se déplace bizarrement à la voix venue d’outre-tombe. Des effets de terreur devenus bien trop low-cost pour avoir encore de l’effet sut quiconque est habitué au genre. Et les quelques ajouts comme le vieux poste de télécommunication et la légende indienne ne réussissent pas à élaborer ne serait-ce qu’un renouveau dans le genre ni même à densifier une intrigue minuscule et accessoire.
On suit donc tout ce petit monde joué par des acteurs de seconde zone plutôt mauvais (hormis celle qui incarne le rôle-titre et dont le faciès correspond en tous points au personnage) dans sa prévisible descente aux affaires/enfer. De manière polie à la limite du désintérêt. Surtout que les deux tiers du film rentrent finalement dans les ages obligés du genre, des portes qui claquent aux lieux nécessaire à la peur (mine abandonné, hôpital désaffecté, …). Quelques petits pieds de nez à ce sous-genre qu’est le film de possession réjouiront les fans (le prêtre qui rejette l’exorcisme au rang d’affabulation) mais c’est bien peu pour nous satisfaire surtout quand les personnages réagissent de manière idiote. Même si on n’est pas dans un Disney, on est loin d’être terrifié comme ont pu le faire les illustres ainés cités précédemment. En revanche, il y a bien quelques visions dérangeantes et malsaines comme dans le final avec une horrible image dont on taira la teneur. Mais c’est trop peu, trop ressassé pour convaincre et surtout cette manie de filmer à moitié caméra à l’épaule comme le veut la mode du moment est devenue davantage agaçante qu’utile et encore moins vecteur de peur. Il est indéniable que filmer normalement sans un prétexte à deux sous qui ne tient pas la route aurait amélioré « L’étrange cas Deborah Logan ». En attendant, ça sera aussi vite oublié que bon nombre de ses collègues de pellicule. Pas des frissons bas de gamme à la Jason Blum des mauvais jours non plus mais certainement pas le grand huit horrifique, loin de là.
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