En concentrant le récit sur la maison-refuge de Trotski et ses alentours, qu'il isole des évènements historiques et politiques, Joseph Losey crée une atmosphère étrange, comme suspendue au drame qui se joue, d'où il ressort que l'assassinat de Trotski prend une proportion concrète davantage que politique. Scène dramatique et même tragique qui dévoile le caractère essentiellement humain des deux protagonistes principaux.
Le rôle d'Alain Delon n'est pas le moins important, qui décide l'action, tandis que Richard Burton incarne les dernières velléités révolutionnaires d'un Trotski attendant de mourir. De ce face à face ambigu (et cruel sans doute, à tel point que Losey l'assimile à une corrida), on connait le dénouement; aussi, c'est davantage les attitudes de Frank Jackson et de Trotski qui retiennent l'attention. Notamment celles du premier, dont la personnalité et le projet meurtrier, lequel semble comme le fruit du hasard, sont énigmatiques. L'imibilité de Jackson (qui rappelle alors le Delon du "Samouraï") ou au contraire ses moments d'exaltations et de fébrilité traduisent certainement la fermeté de son acte autant que la fascination et la peur qui lui inspire sa victime.
Le film donne toutefois l'impression de se disperser et de manquer d'une véritable densité dramatique.