La "présence", soit une interprétation enrichie d'un plus indéfinissable, c'est la marque du grand acteur. Là, Mickey Rourke s'imposait en héritier évident de Marlon Brando jeune ! (Depuis, il a mal tourné !)
Ill est même la raison clé qui fait de "L'année du dragon", de Michaël Cimino, un film immanquable.
L'intrigue est celle d'un thriller classique. Face à face : un flic de choc et une ignoble crapule a priori intouchable derrière une trompeuse façade de respectabilité. Seulement, c'était la première fois que Chinatown, ville dans la ville de New York, est filmée ainsi. Seulement, Stanley White, ce flic d'origine polonaise, existe à l'écran avec une densité psychologique inoubliable. Il a en lui cette désespérance irréversible qui débouche le plus souvent sur un héroïsme suicidaire. Le sien va être de "nettoyer" à lui tout seul, en voyant de plus en plus rouge, Chinatown de sa pègre jaune.
En flic habité d'une hargne obsessionnelle, Mickey Rourke est à la fois sidérant et bouleversant. Servi en cela par la mise en scène très inspirée (la fusillade dans le restaurant, whaou !) de Cimino, La presse américaine de l'époque s'est bornée à l'acc de violence gratuite et de racisme latent. Comme si, 5 ans après "La porte du Paradis" et son vertigineux fiasco, elle voulait l'empêcher de sortir enfin de son purgatoire cinématographique. Côté critiques, ce fut surtout l'année des imbéciles !