La découverte d'un immense - et ambitieux - nouveau réalisateur : Wim Wenders. Sur la trame policière et ultra psychologique d'un roman de Patricia Highsmith, "l'Ami Américain" est un film métaphysique et élégant, à la fois léger et profond : Wenders introduit le maniérisme dans le film noir, retirant de l'intrigue et des personnages ce qui leur donne du sens pour se concentrer sur une atmosphère, ou mieux, des gestes, des actes, qui ne définissent rien d'autre qu'un rapport à l'existence et au monde. Le résultat de cette démarche très formaliste (voir l'exagération des couleurs et des lumières dans certaines scènes, succédant à d'autres très "brutes") est l'aspect hypnotique d'un film, qui nous parle d'un monde déjà global, où les villes sont indifférenciables et l'être humain n'échappe pas aux stéréotypes "modernes" qui le définissent. [Critique écrite en 1977]