J'avoue que je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi bon. Mon scepticisme s'est vu reculer au fil des minutes, au fil des scènes. Néanmoins, je pense qu'avec un tel potentiel, ce film aurait pu être encore mieux.
Le fait est qu'il y a quelques coups de mou au scénario, rares fort heureusement. Disons que Wenders aurait pu couper quelques plans par-ci par-là. Il reste tout de même une belle histoire bien ficelée où l'auteur parvient à rendre logique ce qui n'est pas réaliste (la façon dont le héros s'en sort à chaque fois est peu plausible). Et puis surtout il y a ces personnages, ces paumés de la vie qui n'ont plus rien à perdre. On ne tombe jamais dans la facilité et le misérabilisme ; le coup de génie est d'ailleurs de parler de misère sans y sombrer, et ce grâce à une mission finalement très spectaculaire : devenir un tueur à gage.
La mise en scène posée convient parfaitement à cette histoire douce-amère. Ce qui étonne c'est que la photographie n'est léchée que subtilement. Un plan banal dans un train à première vue devient ainsi terriblement beau une fois dans un tunnel avec pour seule lumière les petites veilleuses du train. Il y a aussi ces plans ouverts sur une plage à la fin. Les acteurs sont très bons. Dennis Hopper, l'amoureux de la peinture, est vraiment un excellent acteur, c'est dommage qu'il nous ait déjà quittés. Et puis, dans ce film, il est terriblement beau. Bruno Ganz est églament très convainquant, comme le reste du casting en fait (même le gosse).
Bref, "L'ami américain" est une histoire bien construite avec de bons personnages ; le rythme est lent mais hypnotique.
PS : c'est amusant, je découvre seulement maintenant que le film est tiré du bouquin Ripley's Game. je n'ai pas lu le livre, mais j'ai vu deux films avec ce personnage qui me fascinne. Le fait qu'il soit interprêté par un acteur différent le rend encore plus mystique. J'ai hâte de voir ce que Delon en a fait dans Plein soleil.