Kill List c’est une très bonne surprise. Voilà c’est dit. Là où je m’attendais à ce qu’on me serve un genre de slasher facile et commercial, je me suis retrouvé en face d’un plat plus fin et goûteux que ne le promettait le menu.
(Pour ceux qui se demandent ce que foutent là des métaphores sur la bouffe, je vous signale qu’il est onze heures du mat et que j’ai faim.)
D’abord on mange anglais, c’est pas super gastronomique mais c’est moins gras et saturé que de la bouffe américaine. Ensuite ça surprend le palais parce que, comme la société anglaise, c’est parsemé d’éléments exotiques qui surprennent en bouche, qui piquent parfois, laissent un arrière goût aigre doux qui éveille les papilles et ouvre l’appétit ; à notre grande surprise.
Vous savez ce fameux « mmm c’est pas dégueu, j’peux en avoir encore ? »
Plus sérieusement le film de Ben Wheatley se caractérise par une approche assez déstabilisante du genre, mais qui suscite néanmoins l’adhésion en titillant la curiosité du spectateur ; en témoigne cette introduction évoquant un « My Blue Valentine » dans laquelle les principaux protagonistes sont présentés sous le prisme d’une vie de couple moribonde et explosive.
Dès lors, on ne cesse de se demander comment le sujet de fond sera amené —à savoir la liste de meurtres à commettre ainsi que ses tenants et aboutissants— et on reste de ce fait attentifs et curieux, tandis que la réalisation, les dialogues (très bien servis au demeurant) et le montage instaurent de façon quasi subliminale et progressive une ambiance, une atmosphère lourde, dérangeante et assez anxiogène.
L’écriture très juste et la direction d’acteur sans faille complètent ainsi ce que la technique construit de façon habile et efficace : le malaise, une ambiance pesante, une violence qui perturbe, de l’interrogation.
Malheureusement —parce qu’il faut bien qu’il y ait un bémol sinon mon 7 ne se justifierait pas, le dessert est aussi anglais. Comprenez que c’est un poil lourd ; comme une part de pudding de trop. Afin d’éviter au maximum le spoil je me contenterai de dire que la conclusion n’apporte pas la cerise sur le gâteau à laquelle les éléments de la trame et l’excellente montée en tension de l’histoire semblent nous préparer.
Vous me direz vous même si il fallait effectivement rajouter une pincée de quelque chose, je suis pas critique gastronomique.
Cependant, malgré cette petite nuance, Kill List est sans doute le seul plat au menu de cette spécialité culinaire qui vous aura régalé depuis quelques temps. À croire que la mondialisation et l’uniformisation des saveurs nous rappellent aussi qu’il faut parfois se souvenir que les bons petits plats locaux sont les meilleurs.
Je vous laisse, c’est la faim, faut que j’aille me faire cuire un œuf.