Kes est le deuxième film de Ken Loach après Poor Cow (Pas de larmes pour Joy) en 1967. Et, voilà un film où le génie de l’auteur éclate déjà à chaque plan. Le jeune David Bradley, alors âgé de dix sept ans pour son premier rôle, a l’air d’en avoir treize et il est confondant de vérité et de fragilité. Plongé dans la misère de l’Angleterre minière et de son système scolaire abrutissant, il s’en évade en recueillant et en dressant un jeune faucon qui devient son seul ami. Les séquences où on le voit, seul avec l’animal, point isolé dans la campagne verte sur horizon de ville grise sont des moments de cinéma inoubliables, tout comme la scène où, devant ses camarades de classe qui cessent pour un instant de se moquer de lui, il raconte dans un langage impeccable son histoire avec l’animal, démontrant tout à la fois son intelligence et son amour pour son compagnon. C’est un film exemplaire, quasi parfait dans sa forme, un vrai bijou qui exalte les valeurs d’humanité et de liberté chères à ce grand cinéaste que n’a jamais cessé d’être Ken Loach tout au long d’une carrière irréprochable où il n’a jamais fait la moindre concession à quelque système que ce soit.