L’histoire se déroule en Angleterre, au début de l’ère industrielle. Un petit village agricole, vivant en quasi-autarcie, voit son mode de vie bouleversé par cette transition, jusqu’à sa désintégration progressive. Le film aborde un sujet rare dans le cinéma contemporain, en explorant les tensions entre classes sociales, mais aussi entre les habitants d’origine et les nouveaux arrivants.
Sans chercher à faire une fresque grandiose de l’industrialisation, la réalisatrice choisit de se concentrer sur les conséquences concrètes et intimes qu’elle inflige à une communauté rurale. Personnellement c'est le premier film que je découvre, traitant du sujet, de ce pont de vue. Si la nature est filmée avec une grande beauté, la nature humaine, quant à elle, se révèle cruelle, marquée par la cupidité, les dynamiques de domination et le désir de vengeance.
Les personnages sont finement écrits, complexes et nuancés, loin de toute caricature. La relation entre le protagoniste paysan et le cartographe constitue le fil rouge de la majeure partie du film. L’un vit la nature instinctivement, sans chercher à la nommer ; l’autre, au contraire, la cartographie, la nomme dans une logique de possession et de contrôle. De cette opposition naissent des dialogues percutants, empreints de poésie et de réflexions profondes sur notre rapport au territoire, au langage et au pouvoir.
L’image, probablement tournée en pellicule, offre une texture délicate, presque tactile. De nombreux plans rapprochés de la faune locale – insectes, rongeurs, etc. – jalonnent le film, créant un contraste poétique entre la permanence de la nature et les bouleversements de cette communauté.
La direction artistique mérite également d’être saluée. Malgré un budget limité, les costumes, harmonisés avec les décors, restituent avec justesse l’atmosphère rustique de l’époque, tout en conférant un style particulier à cette vie paysanne rudimentaire.