Micmac au Texas

Walter Hill, auteur d'un superbe scénario d'après un roman de Jim Thompson, a voulu rendre hommage aux grands films noirs du vieil Hollywood comme High Sierra ou son remake la Peur au ventre... oeuvres qui opposaient des héros néo-romanesques au monde extérieur. De son côté, Sam Peckinpah met sa maîtrise technique au service de ce polar très rude filmé comme un western traversé d'éclairs de violence. Tout en restant fidèle à la mythologie du genre, il joue sur l'outrance et la dérision de certaines scènes, et se complait à dépeindre des personnages brutaux et souvent malsains.
Peckinpah retrouve la sombre beauté du grand film noir hollywoodien, où l'immoralité du sujet se combine à une violence paroxystique, et parallèlement à une belle description d'un couple d'amants maudits, composé par le duo McQueen-MacGraw, digne des meilleurs du genre. Les séquences brutales parfaitement filmées, alternent avec des instants plus calmes où le réalisateur manie à la fois le suspense et l'humour, mais la réussite de cette sauvage odyssée texane repose aussi sur Steve McQueen dans un emploi qui rappelle ceux de Bogart ou de Jack Palance, et pour cela, c'est ce dernier qui devait jouer le tueur Rudy Butler, rôle qui revint à Al Lettieri qui jouera ensuite de cette image forte dans des films comme Un silencieux au bout du canon ou Mister Majestyk.
Premier film produit par la First Artists qui fut créée à l'initiative d'acteurs comme Paul Newman et Steve McQueen, c'est à ce dernier qu'il doit une part de sa réussite, puisqu'il eut une grande liberté sur le plateau, il fit réactualiser le scénario qui était situé dans les années 40, choisit Quincy Jones pour la musique, supervisa le montage, et pour finir tomba amoureux de sa partenaire qu'il épousa en 1973. Mais le film qui aurait pu n'être qu'un banal et sanglant polar, est surtout une fulgurante allégorie sur la violence, l'appât du gain et la ion entre 2 êtres.

8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Couples à la ville et à l'écran

Créée

le 15 avr. 2018

Critique lue 408 fois

28 j'aime

9 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 408 fois

28
9

D'autres avis sur Guet-apens

Guet-apens
10

Punch it, Baby!

Quelle claque ! Je connais peu Sam Peckinpah, n'ayant vu que les deux excellents Croix de Fer et La Horde Sauvage, mais là je m'attendais pas à ça, pas à ce qu'il sure les deux précédemment cités...

le 20 juil. 2015

59 j'aime

21

Assurément amoral

Si l'âme n'était pas immortelle, la mort serait un guet-apens. Avec Guet-apens adapté librement du roman de Jim Thompson, Steve McQueen s'associe au cinéaste Sam Peckinpah pour livrer un thriller...

le 27 sept. 2019

47 j'aime

22

McQueen of the stone age

Parfois, le ciné, c'est quasi scientifique.  Mathématique, même.  Je prends un exemple:    Jim Thomson (auteur du livre) + Sam Peckinpah (réalisateur) + Steve McQueen (acteur) + Quincy Jones...

Par

le 3 août 2012

47 j'aime

14

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

126 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

102 j'aime

59

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le é. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

101 j'aime

46