Alors en fin de carrière, il ne tournera plus que deux films par la suite, Joseph Mankiewicz s'inspire notamment de la pièce Volpone de Ben Jonson pour mettre en scène Guêpier pour trois Abeilles, où il est question d'un homme riche, faisant miroiter son héritage à trois anciennes maîtresses.
Avec brio et finesse, Mankiewicz propose une comédie noire, doublée d'un thriller où, comme il l'a déjà fait par le é, il évoque les mensonges, manipulations et marionnettes, où on ne sait pas toujours qui est le pantin de qui. Les dialogues sont souvent irrésistibles et bien écrits, et l'ensemble se révèle souvent savoureux, où le brillant metteur en scène de Jules César dirige son récit avec assez de maîtrise jusqu'à un dernier acte réussi.
Il n'hésite pas à jouer avec le spectateur, multiplier les pistes plus ou moins bonnes et donnant à son oeuvre un ton assez ironique. La réussite du film est notamment liée aux personnages, bien écrits et présentés, et il n'est pas difficile de s'intéresser à eux, puis de se laisser prendre au jeu de cette enquête. Il met bien en avant le mépris de son protagoniste, ainsi que l'avidité et l'hypocrisie des trois prétendantes, et tous les personnages sont bien mis en avant et leurs évolutions étant bien écrites et traitées.
Il se montre plutôt inventif, sachant brouiller les pistes sans nous perdre et mettant tout cela en scène avec talent, efficacité ainsi qu'un plaisir communicatif. Il gère vraiment bien les voix-off et se montre efficace et sobre derrière la caméra, tandis qu'il dirige avec grand brio ses acteurs, notamment Rex Harrison, avec qui c'est sa quatrième collaboration ainsi que Susan Hayward et surtout Cliff Robertson.
Alors qu'il est au crépuscule de son immense carrière, Joseph Mankiewicz propose avec Guêpier pour trois abeilles une oeuvre mémorable et captivante où, entre mensonges et manipulations, il livre une comédie noire, emmenée par de parfaits comédiens et particulièrement savoureuse.