Le titre de ma critique fait bien entendu référence à un univers videoludique bien connu.
GasLand est un documentaire traitant de l'impact environnemental supposé de l'exploitation du gaz de schiste aux Etats Unis, pays décrit en introduction comme un "océan de gaz naturel permettant d'assurer l'indépendance énergétique des USA".
Versant dans le pathos à l'extrême, le réalisateur se la joue amateur menant sa petite enquête après avoir reçu une proposition de 100 000 $ de la part d'une compagnie d'exploitation de gaz pour effectuer des forages sur son terrain. Sentant le coup fourré (et fiston affirmé de hippies écologistes), il va mener sa petite enquête.
Caméra au poing, il nous emmène visiter des paysages et des familles bouleversées par une exploitation intensive et brutale de ces micro poches de gaz, qui (en gros), nécessitent de fracturer la roche à des milliers de mètre de profondeur, d'y verser (beaucoup) d'eau, et des agents chimiques "d'hydrofraction", dont la liste est tenue secrète par les industriels (comme les ingrédients de la recette du bigmac ou du coca cola par exemple...).
Une bonne partie du documentaire est une accumulation de "diagnostics", sans preuves en tant que tel la plupart du temps. Mais une telle dégradation globale de lieux et de conditions de vies à des endroits si différents avec pour seule vecteur commun des puits d'exploitations de gaz de schistes à proximité ne laisse guère de place au doute pour le spectateur.
Robinets inflammables crachant du gaz mélangé à l'eau "potable" (selon les experts envoyés par les compagnies d'exploitations bien entendu), lésions cérébrales irréversibles, rivières qui font des bulles, animaux malades, paysages ravagés... Attention, c'est joyeux.
Traitant avant tout de la dégradation de l'eau, le documentaliste prend également conscience au fil des interviews des dommages causés à l'atmosphère, et presque accessoirement à la faune en général.
On atteint l'ubuesque quand un membre de l'EPA (Agence pour l'Environnement aux USA) explique son indignation, mais pas en tant que membre de l'EPA, car le gouvernement étasunien a demandé à cette dernière de ne pas enquêter.
Le documentaire est à charge bien entendu, le documentaliste prend bien le temps de nous montrer qu'il se fait rembarrer par les compagnies d'exploitation, et n'a donc pas la possibilité de présenter leur version... La scène finale où [SPOILERS] un politicien dit qu'en gros être contre l'exploitation des gaz de schiste aux USA, c'est être contre donner des emplois aux américains, et être contre l'indépendance énergétique, donc pour le terrorisme ressemble à une mauvaise blague[FIN DES SPOILERS]
Bien que ce ne soit pas le propos, le documentaire est également une plongée chez les "bouseux" des US. Ces citoyens des flyings states, ces cowboys, ces fermiers fondamentalement pas très malins, attachés à leur lopin de terre, qui voient leur terre détruite, dont le sort n'intéresse personne.
Partial, à charge, versant au maximum dans l'émotionnel, GasLand reste un excellent documentaire. Espérons qu'il ne remportera pas qu'un succès d'estime et qu'il aura un réel impact sur le débat environnemental.
Car quand on ressort de ce documentaire, on a quand même l'impression de marcher sur la tête tant la logique économique à court terme semble absurde face aux retombées potentiellement plus que durables sur les populations. Et la planète accessoirement.