Ce film donne du fil à retordre car d'entrée de jeu, deux sentiments contradictoires se toisent. D'un côté, la mise en scène tellement estampillée "années 80", avec ses looks de l'époque et sa musique si caractéristique, rend difficile toute volonté de prendre ce qui nous est montré au sérieux. De l'autre, le dilemme moral au cœur du film est amené avec une limpidité et une perspicacité radicales, ce qui a pour effet de nous propulser dans l'espace des questionnements des personnages.
Le sens de la morale, de la responsabilité, voire de l'héroïsme. Sans lourdeur, le cas de conscience qui se pose à François Cluzet (très bon) et à Patrick Bruel (ça aurait pu être pire) est exposé de manière très efficace. Le film, assez court, pose une question légèrement gênante, car on est comme obligé de se la poser à nous-même : serait-on prêt à purger une peine de 2 ans de prison en Thaïlande (où les prisons ne sont pas particulièrement réputées pour leur bonne tenue) afin d'éviter la peine de mort à une personne rencontrée là-bas, deux ans plus tôt, et qui y est enfermé depuis, dans des conditions qui nous impliquent directement.
C'est un vrai choix cornélien, et l'intérêt du film réside principalement dans l'analyse de la réaction des deux protagonistes, issus de deux milieux sociaux très différents, aux psychologies très différentes, et aux aspirations qui le sont tout autant. Une analyse un peu convenue, assez stéréotypée dans sa dichotomie Bruel / Cluzet, prof / chômeur, avenir radieux et intellectualisé / carpe diem qui ne mène pas bien loin. Il est un peu étrange de voir Alan Bates au milieu de tout ça, loin, très loin de son excellent rôle dans Le Cri du sorcier de Skolimowski, mais bon, on mettra cela plutôt au compte d'une mauvaise écriture qu'à celui d'une mauvaise interprétation.
[Avis brut #37]