Il est manifeste que « Force majeure » brille plus par la qualité de son scénario et ses enjeux que par une réalisation assez sommaire, à l'image de certains plans approximatifs ou d'une photographie assez grisonnante. Mais Pierre Jolivet l'a bien compris : ici, l'essentiel est ailleurs, à savoir le dilemme moral des personnages, leur évolution, leurs doutes...
Même si celui interprété par François Cluzet est un peu caricatural, le réalisateur sait y faire pour donner une bonne vue d'ensemble au spectateur, rien n'étant jamais simpliste ou manichéen : juste une situation inextricable dans laquelle vous ou moi pourrions être plongés du jour au lendemain sans crier gare, mais assurée de bouleverser nos vies à jamais.
D'autant que si le réalisateur montre, donc, pas mal de limites techniques, il a en revanche un vrai sens du rythme et du montage, aucune scène ne paraissant en trop, la durée assez courte montrant également que le réalisateur a su aller habilement à l'essentiel. Et comme Patrick Bruel est plutôt bon, sans oublier un excellent Alan Bates dans un second rôle réussi, on se dit que, même un peu limité, Jolivet a bien réussi son coup en sachant aussi bien mettre en valeur ses héros que son récit et son enjeu principal : pas mal du tout.