La première fois où j'ai entendu parler de Death Wish, il m'a évidemment évoqué John Wick par son synopsis de revenge movie mais m'a aussi laissé un arrière-goût de Papy fait de la résistance, parce que je me suis fortement demandé si Willis avait toujours l'age et la crédibilité pour briller dans ce genre de rôle. Même si ce n'est pas le seul souci du film, mes craintes se sont avérées justifiées.
La qualité première d'un revenge movie à mon goût doit être l'identification avec le personnage qui subit une perte et décide de partir se venger, et pour cela, la condition est que cette perte soit perçue comme suffisamment douloureuse par le spectateur pour qu'il ressente de l'empathie.
Malheureusement, ici, d'entrée, ça n'est que peu le cas. C'est autant dû au jeu d'acteur stéréotypé de Willis qui fait du Willis qu'au manque d'intensité dramatique de la scène où sa femme se fait tuer et sa fille plonger dans le coma. La scène se solde par deux coups de pistolet hors cadre et ne parvient pas à prendre le spectateur aux tripes. Alors, je ne suis pas fan de violence graphique et de gore ouvertement montré à l'écran, mais là, il manque la dose minimale pour mettre un coup de poing au spectateur et lancer le film correctement. Pas seulement en violence, mais aussi en intensité et pression psychologique.
Et ce manque d'intensité psychologique est présent tout au long du film, qui malgré un sujet supposé lourd, garde en fond une espèce de légèreté, d'humour presque, un traitement qui sied mal à la thématique et empêche de développer un côté sombre et pesant qui aurait encore une fois pu étouffer davantage le spectateur et renforcer son empathie. Ici, on ne ressent rien ou pas grand chose pour les personnages, que ce soit celui de Willis lui-même ou sa fille.
Les scènes de violence sont certes sanglantes, mais tournent parfois au ridicule, voir celle où un des bandits se prend une boule sur la tête, ce qui déclenche un coup de feu sur lui, ou celle de la voiture et du cric (qui est la grosse scène gore), et où la tête de l'agresseur explose comme une pastèque. On aurait pu supposer avec Roth aux manettes une violence plus efficacement distillée et plus pertinente, moins tournée en dérision, même si la scène du cric est celle qui m'a le plus plu du film.
Pour le reste, le scénario est archi-prévisible et convenu de A à Z, en partant de l'agression jusqu'à la transformation du héros en justicier, l’exécution de sa revanche et la traque des agresseurs, et rempli d'incohérences. Ça m'a fait plaisir de revoir Dean Norris à l'écran car j'apprécie cet acteur, mais son rôle d'inspecteur de police un peu lourdaud et pas très futé ne fait pas honneur à ses talents. Le film se clôt aussi par une note décevante, où la police fait bien comprendre à Willis qu'ils savent qu'il est coupable, mais après tout, c'est pas grave. On est à la limite du gros sourire complice doublé d'un clin d'oeil, ça e mal et c'est un peu ridicule.
Si vous êtes à la recherche d'un revenge movie récent, je ne saurais que trop vous conseiller de vous tourner plutôt vers A Message From The King avec Chadwick Boseman sorti l'an dernier.