Si les Looney Tunes ont bercé une bonne partie de mon enfance, notamment via l’émission Ça cartoon, les Tiny Toons ou encore Taz, force est de constater que cela fait bien deux décennies que je n’ai pas remis les pieds dans cet univers (en ne comptant pas les crossovers comme Space Jam ou Roger Rabbit). Mais au vu de la sympathique réputation qui accompagne la série HBO Max lancée en 2020 sur Bugs Bunny et ses comparses, j’étais curieux de voir ce que pouvait bien donner ce portage en long métrage, issu des mêmes créateurs.
Il est tout d’abord amusant de constater que cet univers à su s’adapter aux enjeux modernes, balançant des blagues sur les stimulus checks, les influenceurs et la cancel culture, tout en gardant ce qui fait le charme initial : l’absurdité totale des situations, complètement déjantées et se jouant des lois de la logique et de la physique. On est bien dans le chaos de la licence, là-dessus rien à redire.
De même, on peut apprécier les variations esthétiques dans l’animation, intégrant les techniques modernes au savoir-faire manuel hérité des Merrie Melodies. Nous avons même le droit à une séquence d’ouverture qui, à défaut d’être vraiment émouvante, brosse une jolie image de ce que devenir adulte signifie, tout en abordant brièvement la perte d’un parent. Mais c’est à peu près tout.
Car si les aventures de Daffy, Coyote et autres Sylvestre fonctionnent parfaitement sur de courtes pastilles, l’étirage sur un format long se heurte à un mur de désintérêt : il n’y a aucun enjeu. De par leur nature même, les toons ne sont que des gags sur patte qui défient tout semblant de continuité narrative, et donc d’implication du spectateur.
Si vous pouvez vous contenter d’une heure et demie de cacophonie, d’un déferlement ininterrompu de slapstick et de calembours, et d’une avalanche de références (allant du Body Snatchers de Philip Kaufman au film quasiment homonyme de Robert Wise, en ant par Armageddon), alors vous trouverez sans doute votre compte dans cette aventure barrée.
Mais pour ma part, la redite s’installe peu à peu, sans véritable moteur qui pousse à avancer, malgré que le comique fonctionne.