Vu de loin, le sujet fait penser aux mièvres bluettes américaines destinées aux enfants, qui exposeraient ici les gentils animaux d'un zoo à la menace de méchants financiers. C'est d'ailleurs le sens que recouvre le scénario assez léger de la comédie. Mais ce serait oublier la causticité et l'humour iconoclaste de John Cleese, lequel a écrit une farce délirante ou l'on reconnaitra, en dépit d'un comique qui tire vers le vaudeville, la patte de l'ex-auteur principal des Monty Python.
L'action se déroule essentiellement dans un zoo anglais que ses nouveaux propriétaires américains envisagent de fermer faute de rentabilité conséquente. Suppression des animaux "doux" jugés peu spectaculaires, publicité dans les cages (!) : tout est bon aux cadres du zoo -dont John Cleese en directeur et personnage central- pour faire du bénéfice.
Cleese égratigne, dans la bonne humeur plus que dans le registre du pamphlet, des méthodes capitalistes dont il souligne et amplifie les ridicules. Et si on se laisse entrainer par les situations vaudevillesques, parfois faciles, de "Créatures féroces" -on comprendra que l'appellation ne vise pas les animaux du zoo- j'ai été plus sensible encore aux accents pythonnesques que la comédie ressuscite.