La fièvre du chien mouillé

[Mouchoir #7]


Il n'y a que deux temps dans Chien Enragé : la pluie battante, écrasante, et le soleil plombant, provocant des sueurs (froides). D'un côté comme de l'autre, les plans se liquéfient sous les averses, se mélangent sous la chaleur ; royaume des surimpressions. La tension monte, atteint son point culminant, puis vient une brise qui sort presque de l'écran. Pourtant ni la tempête ni le calme n'effaceront la violence crue, sans emphase, percutante et irréfléchie.


Mouvements de caméra, mouvements dans le plan, mouvements des éléments météorologiques, les personnages se déplacent dans cette traque enragée sans pouvoir agir, impuissants. Rien ne peut vaincre la violence de l'après-guerre, et pourtant pourquoi ne pourrions-nous pas nous y frotter ? Question d'immersion dans les bas-fonds. 3, 2, 1, partez ! Un silence après la séance, et encore le goût dans la bouche de cette atmosphère mouillée si particulière. L'un des plus grands petits films. De quoi exciter son dimanche après-midi, qu'il fasse beau dehors ou qu'il pleuve.


9,5.


[13/12/17]

9
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le 8 mars 2022

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Cynique de Bergerac

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