Mais quel enfer...
Et pourtant les intentions étaient bonnes, à savoir toucher à l'universel de la violence et l'aliénation au travail, cette fois en s'intéressant à un cadre et sans les gros sabots de la morale. Du Ken Loach à la sauce suisse... pourquoi pas. J'avais très envie d'aimer ce film et qu'il m'interroge sur ma propre perception du monde du travail tout en proposant un traitement assez neuf.
Mais après un premier quart d'heure qui dresse habilement les enjeux, présente très bien son personnage et esquisse des questionnements qui auraient pu être traités plus tard, le film se noie dans un océan de vide jusqu'à cet étrange road trip Genève-Anvers en Porsche Cayenne de chômeur suisse (7h32 de route) qui fait office de climax. Ahah...
Car si le choix de ne pas traiter de cette histoire sous un angle moral est louable, il manque un développement scénaristique suffisamment riche, des personnages, et un rythme non genevois pour que le spectateur puisse y trouver une quelconque substance.
Il n'y a rien de tout ça. Il ne se e rien pendant une heure, littéralement. Aucun personnage n'est traité en dehors de ce personnage principal pour le coup très crédible et bien campé par un Olivier Gourmet en retenue. Les collègues sont des caricatures d'escrocs en cols blancs, et la famille est un néant à part la petite dernière un peu plus caractérisée.
Il est peut-être intentionnel de, par le rythme, rendre compte de cette violence du monde du travail et du capitalisme d'une manière sourde, aveugle et muette, car c'est parfois ainsi qu'elle s'exprime dans la réalité. Mais nous sommes au cinéma, et si nous n'avons ni le son, ni l'image, ni le point de vue, il ne reste pas grand chose. Il faut autre chose que de la vacuité pour sublimer le banal. Ou l'inverse.
On laisse Franck dans son salon confortable, entouré du silence de son horrible famille bourgeoise à laquelle il tient tant. Comme si le réal lui-même nous confiait par ce dernier plan : "ah non en fait je n'avais pas grand chose à vous raconter, circulez".
Dommage.