Berlin. Paris. Annecy. New-York. Milieu bobo ; art graphique, littérature, traductions, édition ; brocante. Le film est beau, sensible, délicat. Il parie sur l'intelligence du spectateur. Il montre et dit en images, plutôt qu'il n'explique avec des mots. Les personnages principaux sont souvent silencieux et quand ils parlent, disent des choses apparemment anodines. On vit, on meurt, parfois bien avant l'heure. C'est très injuste pour ceux qui partent et traumatisant pour ceux qui restent. Mais quand le travail de deuil peut s'effectuer entre Berlin, Paris, Annecy (quel lac magnifique !) et New-York, c'est malgré tout un peu plus facile. Même si les circonstances vous enferment dans des situations impossibles. Le film, tout bruissant de silences, raconte... quoi ? L'histoire, peut-être, d'une attirance qui ne se dit que par des regards, d'un amour qui peine à éclore entre deux jeunes gens (ou ne le peut), sans doute par fidélité à une jeune femme prématurément disparue (dont il était le compagnon, dont elle était la soeur). Valse-hésitation de 5-6 ans et puis... la vie reprend le dessus et son cours cahin-caha. La mort est parfois si bête, si absurde, tellement injuste. On en perdrait presque le goût de mettre un pied devant l'autre et d'avancer. Sauf que la beauté du monde (celui des héros du film en tout cas : Berlin, Paris, Annecy, New-York) est si évidente, si éclatante, si douce... que tout doucement on se reprend à vivre et à aimer.
Encore une fois, le film est très beau, taciturne, excessivement sensible (jusqu'au maniérisme peut-être), mais son univers "happy few" le coupera probablement du grand public. D'où un simple "7" (pour "bon film"), mais moi j'ai aimé, d'où le petit cœur attribué.