C'est d'abord un film en couleur avec des couleurs, celles de l'été, ce qui contraste déjà avec la grisaille du tout venant cinématographique. C'est ensuite, et charnellement, un film sur l'été, la fraîcheur des parcs, le parfum des villes, le bonheur de les traverser et de traîner dehors, dans la rue, sur les terrasses, sur les toits. C'est enfin un film sur le deuil et la manière de le construire, puisqu'il faut bien continuer à vivre.
Sasha est morte subitement à Berlin, en plein été. De cet été-là au deux suivants, de Berlin à Paris en ant par Annecy, et jusqu'à New York, le film construit des itinéraires, organise des rencontres, des éloignements, des croisements. Lawrence, son compagnon, et Zoé, sa sœur cadette, vont se rapprocher à travers elle, créer un lien fraternel fort, inaltérable, essentiel, leur permettant de se reconstruire, pour repartir.
Ce sentiment de l'été nous charme et nous imprègne comme une chanson douce. Mikhaël Hers filme comme on regarde, captant l'un après l'autre les infinis détails qui font l'instant et le rendent précieux, intense, léger. Ses personnages sont bienveillants, cherchent à donner le meilleur, prennent des nouvelles, en donnent, se veillent.
Superbement filmées, les villes sont charnelles, fraîches dans leurs parcs aux herbes vertes, douces dans les rues que l'on arpente seul en silence, à deux en bavardant, en groupe, à vélo, magiques de nuit quand on les regarde de haut.
C'est un petit film de rien, léger comme une brise d'été mais profond et généreux, un film qui soudain nous bouleverse en quelques scènes puissantes. Porté par Anders Danielsen Lie et Judith Chemla, tous deux magnifiques, Ce sentiment de l'été (quel beau titre !) est de ces films qui nous accompagnent et que l'on garde en mémoire. Comme un souvenir d'été.