Je vous avouerai que je ne connaissais rien de l'histoire de cette figure de la résistance allemande. Elle ne s'impose pas par un fait d'arme particulièrement remarquable, ni par sa participation active à un événement constituant un tournant de la seconde guerre mondiale.
Berlin, Eté 42 est finalement à son image. Humble, simple, dressant le portrait d'une petite main de la résistance au nazisme parmi tant d'autres, tout en fuyant quasi constamment l'imagerie classique du conflit. Pas d'uniformes, ni de croix gammée, donc. Encore moins d'héroïsme bluffant, de coups de feu ou d'explosions.
Mais une narration éclatée avec, comme fil rouge, la captivité d'Hilde dans les géoles pour femmes de la Gestapo. Et ces tentatives d'évasion via l'illustration des vignettes de cet été là, où elle a aimé, désaimé, s'est engagé, fait er des messages et a conçu et protégé la vie.
Une certaine idée de l'insouciance, d'abord, où les regards et les sourires se croisent et se répondent. Avant l'appel des convictions, de l'opposition à bas bruit.
Enfer et paradis, qui se répondent constamment tout au long de l'oeuvre. Un enfer qui anéantit un paradis autrefois porteur d'espoir et de jours meilleurs, dont il ne reste plus que cet enfant, qui ne era pas plus de quelques mois avec sa mère. Ultime souvenirs de ces sensations chaudes de l'été que le film habite de couleurs chaudes et d'une part d'innocence.
Berlin, Eté 42 s'obstine à éviter tout sensationnalisme, en le remplaçant par une volonté de nuance constante et un naturalisme qui pourra peut-être rappeler, par instant, ce qui animait Une Vie Cachée.
Ainsi, pas question de suspens ou encore d'une quelconque tension ici. Car Berlin, Eté 42 ne raconte, finalement, que cette jeunesse de cet été là fracassée par l'Histoire. Condamnée par son innommable. Une jeunesse qui s'autorisait une dernière fois à vivre et à aimer. A croire dans un ultime regain d'espoir.
Berlin, Eté 42 parle de résilience, de transmission et de portée de l'engagement, en y mélangeant celle des ondes radio et de leur pouvoir de connexion. Il parle aussi de la résilience de son héroïne, mot qui a perdu toute signification aujourd'hui. Andreas Dresen, quant à lui, réussit, en arrachant son film aux conventions de l'époque, à le rendre intemporel et donc universel.
Et c'est son humanisme que l'on retiendra sans doute, tout comme la force inébranlable d'Hilde et sa détermination, dont les souhaits se sont finalement réalisés. Une image discrète du courage que l'on a, à bien y réfléchir, très peu l'occasion de voir dans le cinéma d'aujourd'hui.
Behind_the_Mask, une simple question de portée.