"Berlin, été 42" d’Andreas Dresen est un film qui tente de capturer une période sombre de l’histoire à travers une lentille à la fois intime et universelle. En se détournant des conventions du film historique traditionnel, Dresen opte pour une approche plus épurée, plutôt triste, qui met en lumière les conséquences humaines du fascisme plutôt que de se perdre dans une reconstitution minutieuse des événements. Cependant, cette ambition artistique est à double tranchant : si elle évite les écueils du didactisme, elle peine parfois à insuffler une véritable émotion à son récit.
Le film se déroule en 1942, à Berlin, en pleine Seconde Guerre mondiale, et suit le parcours de Hilde, interprétée avec une grande sensibilité par Liv Lisa Fries. Jeune femme enceinte et ionnée, Hilde incarne une lueur d’espoir et de résistance face à l’oppression grandissante. Son engagement politique et personnel se construit à travers une série de rencontres et de rapprochements, qui dessinent une toile humaine complexe et touchante. C’est dans ces moments que le film trouve sa force, notamment grâce à la performance subtile et nuancée de Fries, qui porte littéralement le récit sur ses épaules.
Cependant, "Berlin, été 42" souffre d’un certain académisme qui empêche le film de s’élever pleinement. Dresen semble hésiter entre une approche impressionniste, qui aurait pu capturer la beauté fragile de l’été berlinois, et une narration plus didactique, qui se concentre sur les faits historiques. Le temps suspendu de l’été, qui aurait pu servir de contrepoint poétique à la menace omniprésente, est trop timidement suggéré.
Sur le plan politique, le film est moins convaincant. Bien qu’il évoque les dommages collatéraux du fascisme et la montée du chaos, il reste en surface, préférant dérouler les événements plutôt que de les faire vibrer. Certaines scènes, notamment celles qui mettent en avant la jeunesse condamnée de l’époque, auraient pu être plus puissantes si elles avaient été traitées avec plus de fougue et moins de retenue. Le film aurait gagné à s’abandonner davantage à l’élan vital de ces jeunes gens, qui, dans un dernier sursaut, tentent de vivre malgré tout.
Malgré ces réserves, "Berlin, été 42" reste un film touchant, notamment grâce à sa dimension humaine. Quelques scènes, d’une grande pudeur et d’une beauté poignante, parviennent à émouvoir. Le récit de Hilde, porté par une réalisation sobre et une interprétation remarquable, offre une perspective intime sur une période historique lourde de conséquences. Si le film ne révolutionne pas le genre, il mérite d’être vu pour sa sensibilité et son regard sur une jeunesse confrontée à l’indicible.
Le film aurait pu être plus audacieux dans sa forme et plus percutant dans son propos. Il reste néanmoins une œuvre digne d’intérêt, notamment pour la performance de Liv Lisa Fries et quelques moments de grâce qui rappellent la fragilité de la vie face à l’horreur.