Ce film, c’est une immense bouffée d’oxygène, par son environnement principalement, mais également par tout ce qu’il véhicule, parce que c’est le changement radical de toute une vie, celle d’un jeune homme qui ne ait plus ce quotidien qui va à mille à l’heure, cette pression constante d’un travail dont on ne sort plus la tête, dans un milieu urbain qui vous empêche presque de respirer et qui vous tue à petit feu. Une question de vie ou de mort, parce qu’il se sent perdre pied, perdre toute humanité, il décide de tout plaquer, de partir, de tout laisser derrière lui, pour un pari fou, devenir berger, vivre exclusivement dans la nature, dans la tradition d’un métier en perdition, qui se perd dans l’élevage intensif et dont lui, veut garder toute la quintessence, cet esprit de liberté qui lui semble essentiel, celui qui l’aide à se relever. C’est un récit autobiographique, une histoire vraie qui vous prend aux tripes, forte de remise en question, elle nous poussera immanquablement à la réflexion, nous qui sommes peut-être englués dans ce même quotidien fait de monotonie et qui nous donnera inévitablement envie de plus de nature, plus de spontanéité, moins de sécurité peut-être, mais plus de liberté, celle qui nous permet enfin de respirer et de se retrouver soi-même. Pourtant, ce changement de vie ne sera pas toujours simple, il sera fait d’expériences presque traumatisantes, mais ô combien réalistes, qui montre aussi les mauvais côtés de ce métier, les mauvais éleveurs, ceux qui deviennent fous, à force des difficultés traversées, ceux qui maltraitent leurs bêtes et qui ne voient plus des animaux dont il faut prendre soin, mais simplement des problèmes qui vous coûtent plus d’argent, qu’ils n’en rapportent, parce que comme dans le milieu agricole en général, la ion ne suffit plus à faire vivre. La réalisation de Sophie Deraspe est un véritable petit bijou, il n’était pourtant pas aisé de mettre en lumière ce parcours, de l’adapter à l’écran, néanmoins, tout coule de source ici, c’est en toute simplicité et d’un naturel qui parvient à nous immerger dans son univers avec une fluidité désarmante. Visuellement, c’est un véritable voyage à part entière, des paysages de montagne extraordinaires, des angles de vue d’une immensité qui vous fait sentir tout petit, véritable bouffée d’oxygène, c’est une sensation de liberté bouleversante qui s’en dégage et qui nous touche en plein cœur. En ce qui concerne le scénario, assez simple, puisqu’il s’agit de l’adaptation d’un récit biographique, son intérêt n’est évidemment pas dans la complexité, mais dans ce qu’il nous fait partager, dans ce parcours hors du commun, non sans difficultés, mais qui a osé aller au bout de ses opinions. Alors, on se prend d’affection pour cet homme, mais aussi pour celle qui l’accompagne, parce qu’ils ont eu le courage de leurs idées, ils ont su lâcher prise, accepter les conditions de vie précaires, d’être parfois impuissant face à la nature, au risque de tout perdre, mais en contrepartie, il y a la vie tout simplement, dans tout ce qu’elle de plus pur et de plus vrai. Quant au casting, il est absolument parfait, c’est le duo Félix-Antoine Duval/Solène Rigot qui tient le film sur leurs épaules, mais je tiens à souligner la présence de David Ayala, que j’ai adoré.
En bref : Un film qui sort des sentiers battus, le récit biographique d’un homme qui a osé tout plaquer, parce qu’il se sentait mourir à petit feu, il a choisi de vivre son rêve, repartir à zéro, sans rien, pour faire quelque chose de plus vrai de sa vie, de plus concret et s’il traversera des épreuves qui mettront ses choix à rude épreuve, ce sera pour mieux rebondir, lui confirmant que c’est la bonne voie, celle qui lui apportera la liberté tant recherchée !
Avis complet sur le blog : https://vampiloufaitsoncinma.com/2025/05/27/bergers/