Bon, on suit une fiction tirée d’un fait authentique, coscénarisée par celui qui l’a vécue, d'un bobo québécois qui se décide à tout plaquer de son existence bien tertiaire, du jour au lendemain, et à devenir berger dans le sud de la . Visiblement, vu la naïveté et l'ignorance avec lesquelles il se lance dans la profession, il croyait que le job consistait uniquement à s'allonger dans des lieux paisibles et enchantés, la paille dans la bouche, baignant dans de l'eau cristalline et ayant de jolies donzelles à disposition, mais, ô surprise, il découvre un métier vraiment ingrat, difficile et harassant physiquement ainsi que mentalement... Ouais, il aurait peut-être dû se renseigner, ne serait-ce qu'un peu, sur Internet.
La première moitié met assez bien en avant la folie et la frustration dans lesquelles peuvent plonger ceux qui s'occupent au quotidien des moutons. Par contre, comme ce sera le cas aussi dans la seconde moitié, la voix off, par l'intermédiaire de laquelle notre jeune homme plein de bonne volonté partage ses impressions à travers une prose très ampoulée, est fort redondante tout comme la musique, se voulant lyrique, mais ne réussissant qu'à être lourdingue, qui parvient toujours à ne jamais coller avec ce qui est montré à l'image.
En outre, l'intrigue amoureuse n'est pas du tout bien amenée, pas du tout bien creusée, avançant trop par à-coups pour qu'elle imprègne un minimum efficacement le long-métrage. Et certains personnages (notamment celui qui est incarné par David Ayala !) ne sont là que pour surligner, paresseusement, par des dialogues ultra-explicatifs dénués de naturel, à quel point la société capitaliste leur complique une tâche suffisamment ardue sans cela. Vers la fin, le personnage principal se fait dire qu'il a un exceptionnel avec les bêtes, or ça sort de nulle part, étant donné que cette supposée exceptionnalité n'est jamais montrée avant. Globalement, l'évolution des personnages principaux est mal écrite, la plupart des seconds rôles manquent de consistance. Ce qui fait que je ne suis guère étonné d'avoir été plus inquiet pour les brebis (qui, sans ironie, jouent super bien la comédie !) que pour les humains.
Et tout ceci se termine abruptement à un moment donné, sans raison apparente (si ce n'est peut-être que la cinéaste n'avait pas le courage ou la possibilité de réaliser un film de plus de deux heures !), alors qu'une phrase au début du générique révèle que le récit aurait pu être poussé plus loin et donc aurait pu sûrement laisser sur une impression de quelque chose de plus abouti.
Alors, je reconnais une séquence d'orage assez impressionnante, qui instaure une sacrée angoisse (si vous êtes particulièrement atteint d'astraphobie, je vous déconseille vivement le visionnage de ce film !). Autrement, il y a de belles images des Alpes, mais bon, c'est la Nature qui les a rendues belles. Le mérite lui revient. N'importe qui avec un smartphone est capable d'en capter aussi bien la magnificence.
Bon, ben, maintenant, je vais aller compter les moutons...