Comment la joie, la tendresse, la beauté, la sensualité peuvent fleurir au milieu du sordide. Et l’inverse. C’est ce que montre la caméra de Baby, sans jamais encombrer le spectateur des fantasmes du réalisateur – il y avait matière pourtant – ni lui imposer quelque voyeurisme que ce soit. Pour lui laisser simplement la possibilité d’une empathie avec les personnages, notamment les deux principaux, magnifiquement joués par João Pedro Mariano et Ricardo Teodoro (qui tiennent là leurs premiers rôles). C’est en cela que ce film sans prétention touche à quelque chose de sublime – et c’est ce qui fait accepter l’ode à la famille (celle qu’on veut retrouver et celle qu’on s’invente), qui s'y déploie de façon un peu appuyée, jusqu’à sombrer dans une facilité complaisante, qui était déjà présente dans Corpo eléctrico. Appartenant à la mouvance du cinéma brésilien d’un Kleber Mendonça Filho (Les bruits de Recife, Aquarius, Bacurau…) – comme Daniel Bandeira (Property), avec qui il a aussi collaboré –, Marcelo Caetano contribue à extraire du Brésil ce qui peut confiner à l’universel par le truchement du cinéma.