Le Défi de Marvel

En sortant de la salle, j'étais, à ma grande surprise, profondément ému. Une émotion jamais ressentie devant un film Marvel. Je suis plutôt bon client du MCU, séduit par ces versions live de ces héros que j'ai appris à aimer sur papier, et même si tout le MCU n'est pas transcendant, force est de constater que l'attachement à ces personnages et l'implication dans ce dénouement sont réels.

C'est pour cela que la hype est élevée et que l'on désire un dénouement digne de ces héros que l'on a appris à aimer, et de cet univers que l'on suit depuis 11 années. Et fort heureusement les personnages emblématiques que sont Steve Rogers et Tony Stark sont au centre de ce chapitre final, et les frères Russo leur rendent hommage en traitant parfaitement leurs arcs narratifs. Ces véritables piliers des Avengers, le cœur vibrant de cette saga, ne pouvaient être mieux honorés en conclusion de cette saga.

Endgame est moins instantanément jouissif car il n'enchaîne pas les morceaux de bravoure et est moins construit sur une tension tout au long du récit comme pouvait l'être Infinity War où chaque combat était primordial pour éviter que Thanos, enfin présent et ultra charismatique, ne commette l'irréparable, avec le dénouement que l'on sait. Cela est le résultat d'un parti pris qui est de raconter les conséquences du snap (et au-delà, de Civil War également) et la revanche des Avengers, tout en construisant patiemment un récit, avec ses attendus et ses surprises, qui nous mènera vers un troisième acte d'anthologie. Avec des images tout droit inspirées des "splash pages" des comics, la conclusion de Endgame paraîtra sans doute moins efficace et chorégraphiée qu'Infinity War, mais se révélera bien plus épique et solennelle.

Car il faut juger Endgame à l'aune de ses ambitions: mettre fin à une histoire commencée il y a plus de dix ans, traiter dignement ses figures tutélaires que sont Captain America et Iron Man, et finir en apothéose pour donner des frissons à tous les spectateurs venus voir l'affrontement final. Et de ce point de vue, il est une réussite totale.

Les frères Russo ont su éviter le piège de la surenchère d'action pour se concentrer sur l'émotion, et c'est au final ce que l'on retiendra ici: la nostalgie et la mélancolie véhiculée à travers le film, de par l'évocation du é et la défaite cuisante subit il y a peu. Mais aussi et surtout parce qu'une page se tourne, que le récit propose une véritable fin (il n'y a d'ailleurs pas de scène post générique) et que le MCU ne pourra sans doute plus construire une intrigue et des personnages aussi intenses dans les années à venir.

Je pourrais pinailler sur un scénario parfois inutilement alambiqué alors que la trame est simple, et certains seront surpris voire déçus du traitement réservé à des personnages comme Hulk et Thor (que j'ai personnellement apprécié) mais c'est surtout le prétexte pour s'attarder un peu plus sur nos héros et faire des clins d’œil aux fans qui ne peuvent que se réjouir de pouvoir savourer toutes les subtilités du récit qui fait alors une sorte de bilan en se permettant de traverser le MCU et en donner l'illustration d'un univers pleinement cohérent et entier.

Une grande conclusion pour un grand crossover. On peut refermer l'album et le ranger dans la bibliothèque. En attendant de se le refaire bientôt.

Mon avis sur Infinity War