Le tâcheron Fleming n'est sans doute pas pour grand-chose dans la réussite de ce film auquel a participé Georges Cukor est qui est avant tout un film de producteur (David O. Selznick) Balayons déjà les critiques habituelles. Oui, c'est un film sudiste et le point de vue est donc sudiste, il est peut-être idéalisé mais il n'est pas révisionniste : la sanglante bataille de Gettysburg en 1863 et le rasage de la ville d'Atlanta par les nordistes en 1864 sont des réalités historiques. De plus le film n'est raciste qu'aux yeux de chercheurs de petites bêtes. Quant à ceux qui critiquent le personnage de Scarlett en lui reprochant son inconsistance et tout ce qui s'en suit, il faudrait peut-être qu'ils comprennent que c'est le sujet du film Alors qu'en est-il du film : une double histoire, celle de l'écroulement du Sud, c'est la partie la plus spectaculaire du film, au lieu de nous montrer des combats, le film nous montre les morts, les blessées, par centaines, par milliers, le feu, les destructions, la peur, le désespoir, et ces images sont fortes et terrifiantes, l'autre volet est l'itinéraire d'une enfant gâtée, se fichant des convenances, mais capricieuse, manipulatrice , vénale, et aussi prisonnière de son amour fou et irraisonné pour le beau Ashley, mais ce qui ne l'empêche pas d'avoir des moments d'intense bonté. Eh oui personne n'est tout noir, personne n'est tout blanc. Le rôle est joué par une Vivien Leigh, fabuleuse, magnifiquement photographiée et éclatant l'écran de son talent et de sa beauté. Clark Gable lui aussi est un personnage complexe, pas trop clair mais attachant. Olivia de Havilland en second rôle nous joue une femme bien plus intelligente qu'elle ne veut bien le paraître, et si Leslie Howard est réduit à nous jouer les Droopy, c'est que c'est le personnage qui est ainsi. On ne peut parler de la distribution sans évoquer la présence d'Ona Munson, introduite avec des pincettes dans le récit puisque le Code Hays interdisait que l'on parle de prostitution. Un beau rôle, très digne, très classe. La réalisation est parfaitement maîtrisée, parfois une scène très courte suffit comme quand Scarlett dont la liaison avec Ashley alimente les cancans se rend à sa fête d'anniversaire et qu'elle est reçu par sa belle-sœur avec le sourire. A la fin du film quand les malheurs ne cessent de s'empiler, le film sait nous éviter de sombrer dans le pathos. Il y a aussi ces touches d'humour insolite comme quand la femme du docteur apprend que son mari revient du bordel, elle lui demande pas fâchée du tout comment est la décoration. On ne s'ennuie jamais pendant ces quatre heures de projection, il n'y a aucune longueur, les couleurs sont flamboyantes, la musique de Max Steiner est magique. Que du bonheur !