Réalisateur d’exploitation touche-à-tout, Mario Caiano signe avec Napoli Spara ! un film efficace mais qui manque de personnalité. Il faut dire qu’en 1977, le poliziottesco tire la langue et peine à se renouveler. Le personnage de Nico Giraldi, qui a définitivement introduit la parodie dans le genre, côtoie d’inlassables représentants de la loi aux méthodes expéditives pour faire face à la violence. Le personnage du commissaire Belli (un nom utilisé déjà dans Le Témoin à abattre) est, d’ailleurs, totalement calqué sur ceux qu’interprète Maurizio Merli. On suppose aussi que ce Napoli spara ! était, à l’origine, prévu pour être une suite de Napoli violenta d’Umberto Lenzi avec Maurizio Merli dans le rôle du commissaire Betti. Outre Vincenzo Mannino à l’écriture, la présence du personnage de Gennarino incarné par le jeune Massimo Deda dans les deux titres confirme cette idée. Un personnage qui est la véritable originalité de ce film puisqu’il offre un ton tout autant comique que mélodramatique dans un polar par ailleurs sérieux qui mise, à côté, tout sur l’action. Ce trait d’union entre les deux films permet de dresser un tableau social de la société napolitaine mais aussi d’introduire par son intermédiaire une description de la ville dans les années 1970. La mise en lumière de Naples est, à ce titre, une des grandes réussites.
S’il est totalement classique dans sa dimension policière, le résultat n’en demeure pas moins intéressant. Mario Caiano se montre, en effet, plutôt inspiré dans les nombreuses scènes d’action et les cascades, notamment en voiture, sont une vraie réussite. L’histoire est limpide avec des personnages facilement identifiables mais on peut certainement regretter que certaines idées ou personnages (celui du chauffeur de taxi qui devient un collaborateur récurrent du commissaire Belli, par exemple) soient abandonnés en cours de route. Avec ses gangsters, son parrain, les relations tendues entre le commissaire et sa hiérarchie qui l’imagine même, à un moment, corrompu, on sent bien que les auteurs veulent convier tous les ingrédients du genre. C’est le gage d’un récit dense, notamment dans ses péripéties, mais qui sacrifie toute la dimension politique à un pur divertissement d’action. C’est en cela qu’on mesure que le réalisateur signe un simple film de série.
Porté par un Leonard Mann pas aussi mauvais qu’on veut bien le dire, capable d’exprimer différents sentiments (ce qui n’était franchement pas le cas de Maurizio Merli) et plutôt à l’aise dans les scènes d’action (il a exécuté plusieurs cascades dont celle, périlleuse, sur un camion-citerne), le film peut aussi compter sur le charisme de Henry Silva pour composer un antagoniste de poids. Le résultat n’est évidemment pas grandiose mais il s’agit d’un divertissement de qualité qui se regarde avec beaucoup de plaisir. Le final, excessif à souhait, ne peut, en ce sens, que concourir à laisser une bonne impression.
6,5/10