S'il est un acteur parfois controversé, Ben Affleck est un réalisateur surprenant ; après Gone baby gone et The Town qui honnêtement ne m'avaient pas plus renversé que ça, il frappe fort avec son troisième film qui retrace une opération incroyable menée par la CIA sur le sauvetage de 6 diplomates américains en Iran fin 1979. Je crois que si Argo n'était pas tiré d'un fait réel, on l'aurait bombardé de sarcasmes et de réflexions désobligeantes, tant l'opération décrite semblait hallucinante, inouïe, invraisemblable.
Et pourtant tout est vrai ou presque, parce que oui quand même, Affleck qui s'empare d'un sujet en or, empoigne le public par la main et le plonge dans un thriller politique intense et pimenté d'humour, mais il n'évite pas quelques rajouts pour accentuer sa dramatisation. On sait depuis par un documentaire québécois, que j'ai pu voir sur la chaîne Histoire, que la fiction s'est emparée de faits réels en s'obstinant à les détourner, notamment avec la fameuse scène des voitures de police poursuivant l'avion des fugitifs sur le tarmac ; c'est une invention pure et simple, alors que les 6 diplomates èrent les contrôles de l'aéroport de Téhéran sans le moindre incident, aussi incroyable que ça puisse paraître.
Bon, en dépit de ces petits "fakes", Affleck réussit un bon film tendu comme un slip, avec une bonne dose de suspense, en évitant le côté propagande américaine qui était à craindre dans ce genre d'entreprise, et en lançant une déclaration d'amour au cinéma, car dans cette histoire, c'est la force de l'imagination qui a sauvé des vies (les diplomates se faisant er pour une équipe de cinéma canadienne en repérages). Ses acteurs participent à cette réussite : Alan Arkin, Bryan Cranston et surtout John Goodman excellent dans le rôle du maquilleur John Chambers, célèbre pour avoir élaboré les masques de latex de la Planète des singes en 1968 et pour lequel son job fut récompensé par un Oscar. Ici, Affleck mérite aussi ses 3 Oscars.