"Now it's dark"

Si l'on veut définir ce qu'est l'intensité, on peut mesurer un certain nombre de film à l'aune de celui-ci.
Lynch filme l'obscurité comme personne. "Now it's dark", répète à l'envi Frank, le personnage de Dennis Hopper. L'alternance entre la lumière de la suburb américaine qui ouvre le film et les huis clos étouffante rythme la descente du personnage principal dans les abîmes de la perversion. Le tout par un canal, celui de l'oreille coupée qui ouvre l'intrigue, et qui rend attentif au travail sur le son toujours aussi extraordinaire. Le murmure, les basses oppressantes accompagnent l'enfermement et les coups donnés aux corps offerts.
Les couloirs et la lenteur ont eux aussi une vibration sans pareille.
Les acteurs sont immenses. Hopper, grotesque, en plein Tourette régressif, est indéable.
Les tableaux que composent les agencements insolites et oniriques sont sans pareille. Comment expliquer qu'un amas de femmes obèses gardant la porte d'un enfant kidnappé, ou un boudin dansant le toit d'une voiture pendant qu'on frappe un jeune homme ne semblent pas être le n'importe quoi qu'on peut reprocher à bien des films d'art et essai ? C'est là un mystère, un charme, une alchimie qui donne à cette oeuvre toute son ampleur.


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le 26 déc. 2013

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le 26 déc. 2013

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Sergent_Pepper

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