Cyril Pedrosa publie, dans la collection Aire Libre, un roman dessiné, les équinoxes. L’expression BD n’est pas utile ici non par snobisme mais par observation. Pedrosa manipule le principe de bande. Le texte quitte parfois les bulles pour se retrouver entre chaque dessin ou être complètement seul sur une page. Dans ce livre, les mots sont aussi importants que les images. L’auteur utilise ces deux moyens pour raconter une histoire, celle de personnages qui ont perdu légèrement pied et tentent d’apprivoiser à nouveau leur univers.
L’album commence en automne et suit le fil des saisons. Chacune s’ouvre par des scénettes inspirées du livre de la jungle. Présentées comme des diapositives, elles illustrent le besoin même chez les adultes de prendre du recul pour mieux voir, à se poser des questions, à apprendre et comprendre. Il y a un dentiste qui s’ennuie, un vieux militant qui est en fin de combat, une adolescente qui veut entamer sa vie mais hésite à l’aborder. En fil conducteur, une photographe qui créé des instantanés et tente de les titrer. Dans ce monde foisonnant, Pedrosa ne se perd jamais. Il raconte chacun de ses personnages et adapte les couleurs et le style à chaque saison, à chaque sentiment.
Les équinoxes est une œuvre complexe, dense mais qui offre plusieurs entrées possibles : la délicatesse des histoires, la multitude des détails, le dessin et les couleurs. A l’image du cinéma de Claude Sautet, Cyril Pedrosa a écrit et dessiné une œuvre sensible et humaine.