C'est tout d'abord un plaisir de pouvoir lire une histoire complète en deux tomes, et ne pas se retrouver embarqué dans une série qui ne se terminera jamais.
Cependant, la gageure de tout raconter en si peu de temps se heurte à un écueil de taille : l'impossibilité de donner du relief à l'histoire. Celle-ci part dans tous les sens, comme si la scénariste n'avait su choisir quel sujet traiter. Pour que l'intrigue avance, elle a recourt à de multiples reprises à des ellipses qui rendent le tout encore plus artificiel, et donnent le sentiment que l'héroïne veut se mêler de tout, au détriment d'une caractérisation suffisamment profonde qui puisse faire d'elle un personnage fort. Qui trop embrasse mal étreint. Les différentes intrigues en souffrent, jusqu'au moment où, sans grande surprise, elles se rejoignent, grâce à des justifications scénaristiques frisant l'absurde.
Le premier tome, au scénario aussi quelque peu incertain, avait plus de tenue. Celui-ci semble précipité, et la promesse de la couverture de glisser subtilement vers le cyberpunk se dégonfle totalement au fil des pages, quand on se rend compte que tout ce qui entoure l'androïde n'a finalement que peu d'intérêt et que ce dernier pourrait être remplacé par un téléphone, une photo, un godemiché, ou n'importe quoi, en fait.
Reste le trait de Guillem March, parfois un peu forcé dans les expressions faciales, mais la plupart du temps fin et sensuel. Un plaisir pour les yeux.
Enfin, l'histoire se termine, et elle se conclue tout de même intelligemment, voire même de manière émouvante. Il a fallu er par des détours improbables et peu convaincants pour en arriver là, mais on restera sans doute sur une impression plutôt positive au bout du compte, avec la sensation d'avoir lu, ou plutôt vu, et touché, quelque chose d'agréable. Du choix des couleurs à la texture de sa couverture et de ses pages, l'album lui-même est aussi doux que son dessin et sans doute que la peau de l'androïde sous les doigts de Monika.