Un mois après la sortie « It’s only rock’n’roll », Mick Taylor fin 1974 quitte les Stones, déçu de ne pas être pris au sérieux par Jagger et Richards et empêtré dans ses addictions, il a expliqué depuis que cette décision était une question de vie ou de mort pour lui. Il faut croire qu’il a eu raison car en 2024, il est toujours là à 75 ans…Le groupe doit donc rapidement se trouver un guitariste de remplacement et les plus prestigieux vont auditionner à Rotterdam : Rory Gallagher, Steve Marriot (Small Faces, Humble Pie), Jeff Beck (Yardbirds) ou Peter Frampton (Humble Pie, David Bowie) font le déplacement ! Mais aucun ne convient vraiment car pour faire partie des Stones, il faut en priorité s’entendre avec les caractères assez particuliers des Sieurs Mick et Keith, pas le plus évident. 3 guitaristes sont finalement retenus à titre provisoire, à savoir Ron Wood et deux américains, Harvey Mandel (ex-Canned Heat) et Wayne Perkins (qui venait de jouer sur « Catch A Fire » de Bob Marley And The Wailers). Wood venant de quitter les Faces est persuadé que redre les Stones était son destin, tout simplement, comme s’il était écrit à l’avance. Et il faut dire qu’il s’entend comme larrons en foire avec Keith, les 2 étant de gros fêtards : «C’est un sacré boute-en-train. Il a cette capacité à chambrer tout le monde sans que personne n’en prenne ombrage. On a é notre vie à s’envoyer mutuellement les pires injures — avec classe et distinction, bien sûr.» a raconté Keith en interview. Ron est donc is chez les Stones à titre temporaire en avril 75. Le nouvel album sort en avril 76 et même si Mandel et Perkins ont participé à l’aventure, seul Ron figure sur la pochette, ça y est, il a trouvé sa place.
L’album a bien marché grâce à « Fool to cry », jolie ballade qui a été un hit mais « Memory Motel » chantée par Mick et Keith (rare) vaut aussi l’écoute. Le reste ? Euh, comment le dire poliment ? C’est un beau ratage, un groupe qui semble avoir oublié son é pourtant pas si lointain (« Sticky Fingers » n’a que 5 ans). Le groupe part dans toutes les directions, oubliant pratiquement le rock sauf sur « Hand of fate » et « Crazy mama » en conclusion, pas de quoi se relever la nuit. Pour le reste, Mick commence à ramener son goût pour la musique disco, c’est évident avec « Hot Stuff » qui ouvre ce « Black and Blue », avec un rythme funky qui a désarçonné leurs fans de la 1ère heure, ça deviendra une habitude dans les albums suivants (pensez à «Miss You » par exemple…) et les Stones nous offrent aussi le morceau reggae de l’album avec « Cherry Oh Baby », ce qui va devenir une tradition de leurs albums des seventies, franchement pas terrible (pourquoi se sont-ils obstiné là-dedans, même si on aime ça ???!!!). Preuve de leur perdition ? La nullité absolue de « Hey Negrita », regardez la version live avec Mick portant lunettes noires, chemise à jabot verte et maracas aux mains !!! Comment ont-ils pu tomber si bas ? Et dire que des fans considèrent cet album comme une vraie prise de risque, un album varié et courageux de la part des Stones ! Non, c’est juste un album loupé, le début d’une traversée du désert qui allait durer plus de 10 ans, avec heureusement quelques rares éclaircies («Some Girls » en 78, bien plus solide, « Tattoo You » en 81). Les tensions étaient de plus en plus fortes entre Mick et Keith, les 2 frères ennemis, qui ne cachaient même plus leurs dissensions. Un album qui vaut surtout par ces 2 belles ballades, c’est quand même très peu.