Bon, on est bien plus face à un EP (31 mn) qu’un véritable album. Si encore ça avait été 31 minutes géniales, on pourrait être ébloui, saluer la performance forçant le respect mais ça n’est pas le cas…Et puis, soyons honnête, 4 instrumentaux sur 8 morceaux, Michel joue plus qu’il ne chante sur cet « album » qui laisse vraiment sur sa faim. Oui Michel a été un immense mélodiste et un grand chanteur, un des meilleurs de sa génération. Né en Grande Bretagne, il serait sans doute devenu un égal des plus grands par la notoriété et le talent. Mais voilà, sa carrière a connu des hauts aussi impressionnants que les bas…Depuis combien de temps n’a-t-il pas écrit une grande chanson ? Pour moi, c’est « Goodbye Marylou », sublime chef d’œuvre de 1989 extrait d’un album (« Kama Sutra ») franchement moyen. Depuis, sa carrière aura été faite de disparitions et de retours émouvants sur scène, oubliables en studio. Alors, dans cet album, oui, il nous reste des bribes de belles mélodies au piano (« Moments » en conclusion par exemple) ; ça commençait pourtant bien avec le titre « Un temps pour elles » qui rappelle sa période californienne des années 70 et si tout l’album avait été comme ça, ça aurait été bon.
Mais la voix, elle, n’est logiquement plus ce qu’elle était et pourtant, on nous balance des articles, j’en ai encore lu un hier, où on s’acharne à nous expliquer que comme McCartney, Michel a gardé « une voix intacte »…Non. Il a plus de 80 ans (Macca 82) et leurs voix ont forcément subi le temps qui e et qui ne fait pas de cadeaux, c’est normal. Il faut par contre arrêter de se mentir. Sa voix apparaît pratiquement toujours trafiquée par des bidouillages technologiques sur les 4 titres sur lesquels il chante alors difficile de se faire une idée précise. Quant aux paroles, quand il y en a, elles sont loin de voler haut. Il suffit juste d’écouter celles de «Sexcetera » : “J’lui ai dit quoi, elle m’a dit qui ? Il m’a dit qu’il n’était pas elle/ Elle m’a dit qu’il n’était pas lui, j’m suis cassé à tire d’elle/ Et elle m’a dit j’suis un presqu’il et on m’a dit j’suis un presqu’elle”. On est à des années-lumière du bien plus subversif «Je suis un homme » écrite en 1971. Même en étant tolérant vis-à-vis d’un artiste brillant qui a traversé plusieurs générations et signé des chanson sublimes, cet album-là ne peut convaincre, comme s’il n’avait pas réussi à le terminer, c’est l’impression que j’ai eue. Michel a été un grand artiste mais la force des grands est peut-être aussi de savoir s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, même si c’est difficile. Attendons de voir la tournée 2025.