Cette série est un vrai coup de coeur !
Rares sont les séries qui, comme Vida mettent en avant la culture latinoaméricaine à travers le prisme lgbt+. La série parle de comment on se construit ou déconstruit selon l'appartenance ou pas aux codes de certaines "communautés" : queer, mexicaines, latinoaméricaines, famille, féministe, militante... Quand certains groupes s'avèrent être un refuge, il peuvent aussi s'avérer toxiques dans d'autres circonstances. Elle parle du poids des traditions, des secrets qui pèsent sur l'individu, du regards des autres et comment on deale avec ça : la fuite, l'individualisme, le divertissement, le sexe, la drogue...
Vida montre les enjeux autour du communautarisme et exploite toutes les dimensions positives comme limitantes : les liens difficiles mais forts de la famille, l'entraide ou la trahison mise en place au sein d'une communauté.
Tanya Saracho et sa team montre la complexité des quêtes identitaires en mettant en scène les contradictions de ce quartier latino en pleine mutation : la gentrification, symbole des conflits (intérieurs) qui sommeillent en chaque américain dont les parents sont immigrés et symbole des Etats-Unis à deux vitesses entre pauvres et riches WASP.
Les protagonistes mettent aussi en exergue la richesse et le paradoxe de ce multiculturalisme qui pose les questions d'héritage VS disparition, modernité VS souvenir du é. Mais le récit transcende carrément ces oppositions. Si l'impérialisme américain et le racisme intériorisé est un cheval de bataille pour les un.e.s, combattre le machisme est une priorité pour d'autres, tandis que garder la face et faire honneur reste encore une stratégies pour certain.e.s.
Lynn et Emma, les deux soeurs que tout oppose a priori sont des portraits dont l'imperfection est touchante et réaliste. Au fil des épisodes, on apprend à connaître leur personnalité riche et paradoxale qui se dévoile à elle en même temps qu'au spectateur, en fonction des épreuves qu'elles rencontrent pour surmonter leur deuil. Celle qui se montre forte et impitoyable est en fait très fragile, celle qu'on croyait incapable se trouve une nature indépendante et entreprenante... Vida montre que rien n'est figé, tout est mouvant et friable.
Une série dont la BO est fantastique, les cadrages sont originaux, le script ainsi que le propos sont d'une grande acuité à saisir les enjeux d'une identité plurielle, queer et racisée. Et en plus, la série fait souvent des clins d'oeil à Frida Kahlo. <3 Cliché du Mexique sans être cliché ? Voilà la prouesse de cette oeuvre !