Pour pouvoir apprécier la série à sa juste valeur, il faut commencer par faire le deuil cruel d'une promesse non tenue (promesse à peine implicite, qui plus est, car jamais énoncée en tant que telle, tenant plus de l'espoir de masse qu'autre chose) : non, ce ne sera pas un quatrième volet officieux de la trilogie Cornetto avec Simon Pegg et Nick Frost en best buddy ever! C'est dur, mais la réalité est cruelle, la fiction aussi, il faut l'accepter.
Impérativement, d'ailleurs, car là encore, pour qui accepte de cre un peu la surface, de ne pas bouder son plaisir, on retrouve au final beaucoup de ce qui faisait l'exceptionnelle qualité de ladite trilogie.
Shaun of the Dead s'illustrait déjà avec brio dans un pastiche tendre sans condescendance du film de zombie, pointant les faiblesses du genre, en riant avec lui, tout en créant un véritable film de zombie avec certes Edgar Wright aux manettes, mais sans oublier la cinéphilie et l'efficacité du duo phare.
Mais le pic de créativité de l'équipe reste, à mon sens, Hot Fuzz, qui ne se contente pas de puiser dans un seul genre, le buddy movie d'action, mais est une véritable lettre d'amour au cinéma au sens large, un film excellent offrant une gâterie par plan pour les cinéphiles qui verront çà et là des références certes aux blockbusters et à leur rythme intense, mais aussi au western spaghetti, au slasher movie, au giallo, voire des références plus spécifiques comme celles, évidentes, à Scream de Wes Craven, La Guerre des Gangs de Fulci, et surtout à The Wickerman (le vrai, pas le remake!) et ses petits, le tout à travers une comédie assez fine, touchante, une critique du coté monomaniaque des BadBoyseries, toujours avec une tendresse sincère, et une capacité à croquer des personnages secondaires hauts en couleurs, à balancer la sauce avec une efficacité impressionnante, tant pour les scènes humoristiques que pour l'explosion finale.
Bref, la générosité à l'état pur.
Ce mariage de cinéphagie compulsive du trio et du sens du montage au cordeau propre à la réalisation d'Edgar Wright fait des miracles.
En voyant Truth Seekers, dans la justesse de son assimilation des codes tant de la comédie que du cinéma d'horreur, on en vient à se demander qui faisait quoi dans la trilogie, au final, et d'où venaient les inspirations.
Certes, la signature rythmique propre à Edgar Wright est absente (c'est normal : il n'est pas là!), mais la justesse des détournements des codes est en place. Le comique de répétition poussé à l'absurde fonctionne, Malcolm Mc Dowell rayonne, et Nick Frost réussit à tenir son rôle avec brio sans pâtir du charisme de Simon Pegg, ce qui est loin d'être un mal.
Alors oui, c'est sûr, moi aussi, j'aurais préféré les voir tous les deux ensemble, mais au final, c'est un choix qui s'avère payant pour Frost qui prouve que lorsqu'on lui donne sa chance, il s'avère parfaitement capable de er le feu des projecteurs et le rôle principal.
Le jeu de piste de références est en place, les scènes horrifiques sont étonnamment violentes voire parfois flippantes, et les basculements de ton se font avec souplesse sans s'entrechoquer.
Dommage pour vous si vous ne pouvez pas déer la déception initiale d'un Simon Pegg en retrait (c'est cruel, je sais).
Mais que ceux qui savent apprécier le ton pince sans rire de l'ensemble, le comique de répétition, ceux qui aiment le cinéma d'horreur contemporain donnent une chance à cette série qui mérite bien mieux que la tiédeur des quelques critiques que j'ai pu lire.