Lorsque l'esprit est libre, le corps est délicat.

« The Legend of Heroes : une épopée wuxia entre shakespeare et Jackie Chan


Il est des œuvres qui brillent moins par la nouveauté de leur récit que par la manière dont elles parviennent à réenchanter une légende familière. The Legend of Heroes (2024), nouvelle adaptation ambitieuse de The Legend of the Condor Heroes de Jin Yong, est de celles-là. Mais loin de se contenter d’un hommage figé à la tradition du wuxia, la série en propose une relecture baroque et férocement littéraire, à la croisée des destins héroïques et des abîmes de l’âme humaine. Dès les premières minutes, le spectateur est happé dans un monde codifié, quasi mythologique, le Jianghu, théâtre mouvant où écoles martiales, clans rivaux et ermites aux pouvoirs surnaturels se livrent à des affrontements aussi physiques que philosophiques. Ici, les falaises ne sont pas que des décors : elles sont des précipices moraux. Les monastères cachent des manuscrits démoniaques. Et les héros, même les plus vertueux, finissent par se heurter à cette vérité cruelle : le pouvoir corrompt tout, même les plus belles causes.Car c’est là que réside l’étrange beauté de The Legend of Heroes : dans cette atmosphère oscillant entre comédie et drame Shakespearien, où le destin des hommes est joué sur fond de trahisons familiales, d’alliances sanglantes, d’amour impossible et de vengeance froide. On y pense à à King Lear : des pères déchus, des fils tiraillés, des héros hésitants, des rois sans couronnes et des reines plus stratèges que les généraux. Le protagoniste Guo Jing, parangon d’innocence et de loyauté, n’est pas tant un héros qu’un fil conducteur au cœur d’un monde en mutation. C’est dans les personnages secondaires que la série puise sa force dramatique : Huang Rong, génie tacticienne et amante imprévisible, devient l’âme véritable du récit. Mais aussi Ouyang Feng, serpent shakespearien rongé par l’ambition et la folie, ou encore Hong Qigong, maître vagabond dont les sentences philosophiques font l’effet de coups de sabre dans l’eau calme de la narration.À la différence des adaptations précédentes, The Legend of Heroes choisit de ne pas édulcorer la noirceur du monde. La série est dense, labyrinthique, parfois cruelle. Les dialogues, volontairement classiques, rappellent les vers d’un théâtre antique : pesés, solennels, tranchants. Les conflits ne se résolvent pas ; ils s’enveniment, se transmettent, mutent comme une maladie héréditaire. Chaque épisode semble peint à l’encre noire et or : forêts de bambous comme des cathédrales, montagnes qui avalent le ciel, combats aériens défiant la gravité tout cela construit un monde fantastique, à la fois onirique et menaçant, où les lois physiques cèdent devant la volonté des maîtres d’arts martiaux. On retrouve cette poésie étrange propre aux meilleurs récits wuxia, où le duel est à la fois danse, duel d'idées et affrontement spirituel.Sur le plan esthétique, The Legend of Heroes offre des décors soignés, renforçant l'immersion dans cet univers médiéval chinois. La réalisation met en valeur les contrastes entre les différentes écoles de pensée et de combat, symbolisant les tensions entre tradition et innovation.En comparaison avec d'autres adaptations précédentes, cette version de 2024 se distingue par sa volonté de moderniser le récit tout en respectant l'esprit original de Jin Yong. Étonnante série, Elle réussit à captiver tant les nouveaux spectateurs que les aficionados du genre, en proposant une narration fluide et des personnages loufoques et attachants.


Me voilà reparti, éclaireur infatigable , a chercher sans relâche pour vous le meilleur des dramas et reviendrais prochainement sans doute pour une critique de ..»My Dearest » cet Autant en emporte le vent étonnant.


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le 22 avr. 2025

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Guépard Gordon

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