J'écris à chaud, avec la déception qui parle, d'une série qui était dans ma wishlist depuis deux ans, notée 7,1 sur Senscritique. Et même si on aime ce site et ses utilisateurs, parfois il nous rappelle que les cinéphiles sont des bobos hautains et prétentieux. Je le sais, je suis cinéphile. La note générale est vraiment trop haute.
Le True detective du pauvre :
"Under The Banner Of Heaven" est une mini série policière qui s'intéresse à la violence de la religion et son pouvoir sur les esprits faibles. Ici, ce sont les Mormons qui en prennent pour leur grade, à tel point que la série devient vite un pamphlet un peu trop personnel (le réalisateur a été élevé parmi les mormons). Tout l'inverse de True Detective, il y a 10 ans qui parvenait à entremêler enquête policière et réflexion métaphysique avec une élégance qu'on n'a pas revu depuis. Alors que les marécages de Louisiane étaient d'un superbe appui pour une histoire poisseuse dans True Detective, l'Utah et sa sécheresse ne suffisent pas à crédibiliser la stupidité de ces habitants de l'Amérique profonde, ni la ivité généralisée devant cette église qui couvre ses meurtriers.
Pour continuer l'opposition, le duo Andrew Garfield / Gil Birmingham n'arrive jamais à la cheville de ses ainés, bien que la faiblesse principale de cette série soit son écriture.
Trois niveaux de flashback, une esthétique prétentieuse :
Le meurtre qui sert de point de départ à l'enquête aurait du être le moteur d'un récit palpitant. Au lieu de çà, la série s'enfonce dans des allers retours maladroits entre le é de la famille des suspects et le présent, et rajoute une couche supplémentaire avec l'histoire des Mormons, qui n'a rien à faire là et alourdit énormément l'intrigue. Malgré le noir et blanc de l'histoire de la religion, le sépia du é et le présent qui veut recréer les années 80, on est souvent perdu. Étonnamment, alors que ces allers retours devraient amener du rythme, ils nous plongent dans le désintérêt. La série veut visuellement imiter le naturalisme poisseux de True Detective mais sans comprendre ce qui rendait la série immersive : ses personnages. Ici, ils sont vides de sens, changent d'avis comme de chemise quand leur barbe pousse, et discutent de religion comme s'il n'existait rien d'autre.
Au bout de l'ennui :
Confondant profondeur et ennui, se perdant dans le pamphlet et l'éducation du spectateur à la religion Mormone, le réalisateur oublie l'intérêt d'une enquête policière : la quête des meurtriers. Préférant se raccrocher au questionnement religieux du personnage d'Andrew Garfield, policier en charge de l'investigation, il ajoute une nouvelle couche d'intrigue qu'il ne développe finalement jamais. Car le plus gros défaut de cette série est son final, un des plus plats et inintéressants que je n'ai jamais vu. On connait l'identité des meurtriers depuis plusieurs épisodes, ce qui a supprimé tout suspense. La série a elle continué à développer son sujet théologique, sans là aussi aller trop loin. On ressent les dernières minutes comme un gigantesque tout çà pour çà.
Conclusion :
Under The Banner Of Heaven est une série qui se prend trop au sérieux pour son propre bien. Elle veut dénoncer le pouvoir de la religion et le mauvais usage des organisations qui la contrôlent, mais noie son intrigue sous trop de couches qu'elle ne développe jamais vraiment. Elle finit par se rater sur tous les sujets : la tension, la crainte, la gravité, l'émotion, et surtout le coeur du thriller policier avec l'enquête. Ne perdez pas votre temps.