Prenez un panorama assez exhaustif du cinéma et de la télévision fantastiques et surnaturels des années 80 et 90, faites revenir le tout le temps de huit épisodes très dynamiques, agrémentés d'une sauce eighties particulièrement relevée, faites reposer sur un casting méconnu mais extrêmement prometteur: vous obtenez Stranger Things, la nouvelle série de mystère de Netflix, créée par les frères Duffer.
Je ne pense pas qu'on avait vu pareil engouement pour une série Netflix depuis House of Cards, ou Orange is The New Black. Mais en comptant l'invitation de trois des acteurs principaux au show de Jimmy Fallon, ou encore leur chorégraphie lors de la cérémonie annuelle des Emmy Awards, Stranger Things s'est rapidement imposée comme LA série de la rentrée, portée notamment par ses trois coqueluches auxquelles le public s'est rapidement attachée.
Il faut dire que le casting de Stranger Things ne peut que donner envie de l'aimer: si la prestation impressionnante de la jeune Millie Bobby Brown est celle qui tape le plus à l’œil, toutes sont de haute volée. Gaten Matarazzo, Finn Wolfhard et Caleb McLaughlin dans le rôle des trois gamins sont des noms qu'il faudra retenir, mais David Harbour (en shériff), Winona Ryder (en mère éplorée) et Charlie Heaton ne sont également pas en reste d'une bonne prestation.
Et c'est là que Stranger Things fait fort: en se basant sur un casting inconnu, et en optant pour un univers dont les influences avaient toutes les chances de l'étouffer, la série parvient tout de même à rendre une intrigue puissante, poignante par moments, et d'un dynamisme qui rend la narration extrêmement fluide. On avait vu par exemple, dans Twin Peaks, dont la série s'inspire énormément, certaines phases de transition qui peuvent amener à se détacher des personnages et de l'intrigue; et ici, alors que le synopsis est sensiblement le même - une disparition étrange qui va amener une enquête - Stranger Things réussit le pari de rendre ses huit épisodes ionnants, notamment en puisant dans d'autres influences telles que le cinéma de Spielberg (ET et Super 8 en particulier) ou de Carpenter pour les scènes plus sombres. Et que dire de cette BO sublime, tout droit sortie des années 80 ? De The Clash aux vieux synthétiseurs qui résonnent lors des scènes d'angoisse, elle gratifie la série d'un univers sonore propre, honnête et efficace.
Stranger Things, finalement, est une série qui vogue entre surnaturel et fantastique, forte d'univers visuels et sonores efficaces et d'un casting très prometteur, qui parvient à rendre son intrigue cohérente et crédible. On regrettera seulement la difficulté que peut parfois avoir la série à s'émanciper de ses références et à créer un contenu qui ne soit pas un constant hommage, ou encore l'utilisation récurrente de ficelles scénaristiques faciles, toujours au profit du dynamisme de l'intrigue. Mais ce serait faire la fine bouche que de s'arrêter à ces maigres défauts. J'attends cependant avec impatience - et un peu de crainte, je l'ets - la deuxième saison, qui devra réussir l'exploit d'éviter la redite. Mais, si la série y parvient, qu'est-ce qui pourra encore l'empêcher de s'imposer comme l'une des meilleures séries surnaturelles de ces dernières années ?