En voilà une surprise qu’elle est bonne! Qui aurait pu se douter que notre feuilleton culte de l’enfance aurait survécu aussi bien au poids des ans? Personne. Pour moi c’était un truc rangé au placard, avec de la naphtaline, et emballé avec un peu de ringardise autour. J’ai visionné Starsky et Hutch avec l’appréhension de quelqu’un qui s’attend à être déçu, blasé, et prêt à verser une larme de nostalgie. Deux copains qui s’amusent à pourchasser les voleurs, à bord d’une Ford Gran Torino 1975, rouge et blanche. Je me serais contenté de revoir la voiture, et j’aurais mangé ma madeleine…Mais surprise. Les scénari sont en béton (?) Chaque histoire est originale. Les retournements de situation, imprévisibles. La réalisation ne laisse rien au hasard, et les cascades sont très pro. Surtout le ton, le dialogue est très crû. C'est presque du polar urbain fait télé, avec la touche sale, funky, dans le plus pur style années 70-80.
Les personnages sont typiques, voires atypiques : comme Starsky et Hutch, que l’on confond tout le temps alors qu’ils ne se ressemblent pas du tout. [Rires enregistrés]. Huggy les bons... Sacré vieux Huggy. Huggy les bons tuyaux. Gamin je le voyais comme le gars sympa, qui sait tout, et qui est toujours prêt à partager une info contre quelques dollars; rien n’est gratuit. En réalité, c’est plus un tenancier de tripot, ou bar à putes, qu’un indic tout court. La pitie black, au physique de dragqueen, qui va donner la solution aux héros, les aider à déchiffrer la situation. Il est plus « gris » que prévu, comme Starsky et Hutch, Huggy. Libres et anti hiérarchie. Gris comme tous les personnages du feuilleton. Et quand un supérieur, gratte papier, demande au capitaine Dobey pourquoi il garde ces deux franc tireurs dans le service, lui répond de façon très pragmatique : « Parce que se sont les meilleurs… » Tout simplement.
Bay City est décrite comme une ville pleine de dealers, de corrompus, même, voire souvent dans la police elle-même... Le seul problème est de savoir comment les adultes ont pu se tromper à ce point à l’époque, et nous vendre ça pour un feuilleton jeunesse (?) On devrait les remercier. On ne ratait pas un épisode.
Les poursuites en bagnoles gonflées d'adrénaline. FUN. Vitesse... Des poursuites collector, à la Jean-Paul Bebelmondo, à la Rémy Julienne. Toute une époque. (Surtout quand un gars traversait la rue en courant au dernier moment, alors que les voitures arrivaient sirènes hurlantes, à 100 à l’heure) Rires...
J’ai regardé la version originale, et ça explique pas mal de choses. J'ai toujours entendu dire que la version française était meilleure que l'originale. En fait, certains dialogues étaient carrément improvisées au doublage, par Balutin et Lax. Il y a beaucoup plus humour de réparti dans la version française, moins sérieux, plus récréatif. Et dans le générique américain, pas de paroles (?) Seulement un instru de Lalo Schifrin qui a un arrière goût de Mission Impossible. Funky. Le fameux morceau qu’on a tous fredonnés est une pure re-création, cartoonesque, et française, avec des allures de Club Dorothée. Générique efficace, et qui n’est pas pour rien dans le succès monstre de la série en , mais détrompez-vous. On est plus près de la version policière de Dallas, que des Chevaliers du Zodiaque.
Au travers de cette ville pourrie par le crime, on voit l’Amérique qui évolue. Les cowboys désormais en grosse cylindré, des enquêtes plus vraies que nature, des détectives "jeunes", très cool, et des dénouements parfois surprenants. Bay City est une ville de fous. A nous de rire, et à Starsky de dire : « Hutch, j’ai l’impression qu’on est les deux seules personnes saines d’esprit de cette ville. »
« Starsky et Hutch na nana na nanana Starsky et Hutch na nanana Les nouveaux chevaliers au grand cœur etc. » Souvenir. Tube. Et finalement, je n’ai pas eut une once de nostalgie dans la tête. C’est une redécouverte heureuse. Pas mal ce truc ! Ça me rassure. On n’avait pas choisit Starky et son pote comme amis imaginaires cathodiques par hasard.