En voilà une série qui décoiffe, qui dépote et envoie du petit bois, une série (dé)culottée qui appelle un chat un chat, une chatte une chatte et ceci est bien une pipe. Sex Education fait dans le cul et les prélims’ plutôt que dans le cul-cul la praline. Et une fois n’est pas coutume, les filles y sont aussi obsédées que les garçons : un partout la bite au centre. Et que ça saute sur Netflix !
Il fallait une audace et un humour tout britanniques pour réussir à bâtir quelque chose d’intéressant sur un pitch aussi improbable que celui-ci : pour se faire un peu d’argent de poche Otis, un lycéen cumulant phobie du sexe d’un côté et mère possessive, extravertie et nymphomane de l’autre, s’improvise thérapeute ès sexualité auprès de ses camarades. De l’extérieur ça fait peur, oui mais voilà, c’est rudement bien fait.
D’abord parce que les personnages sont tous aussi originaux les uns que les autres. Otis, avec son style dégingandé relevant à la fois de Mister Bean et de Jacques Tati, sa mère donc, sexologue de son état, qui n’a pas son pareil pour mettre dans son lit tous les mâles qui ent par son cabinet ou sous son évier, Adam le fils du dirlo qui traîne sa dégaine de bad boy, son membre infamant et sa trogne de neu-neu sous le regard jupitérien de son père ou encore Lily au style bien sage mais qui réclame à cor(ps) et à cri qu’on la prenne lilyco presto tout en dessinant des hentaïs particulièrement explicites. Oui, toute une galerie de personnages hauts en couleur, superbement interprétés et qui prennent du volume d’épisode en épisode.
Ensuite parce que les scénaristes ont établi une trame narrative parfaitement repérable. Une unité de lieu, -le lycée de Moordale,- une unité de temps, – la semaine scolaire – et une action récurrente, la thérapie d’un cas par épisode. Chaque nouveau chapitre s’ouvre ainsi sur une partie de jambes en l’air où au moins un des deux partenaires ne semble pas prendre son pied. S’ensuit la consultation du « docteur Otis » dont la maturité des réponses va aller croissant. Parallèlement à ces « études de cas », le scénario suit au long cours l’évolution des relations amicales ou amoureuses d’un carré de personnages auxquels on s’attache plus particulièrement. : Otis donc, son pote Eric dont l’homosexualité non assumée vis-à-vis de ses parents reste en souf, Maeve dont la misère sociale le dispute à son incroyable érudition littéraire et Jackson le champion du lycée qui enchaîne les lignes de piscine sans jamais réussir à nager dans le bonheur.
Enfin, la série de Lurie Nunn ne fait l’économie d’aucune question. Homoparentalité, avortement, rejet de son corps…tous les sujets sont abordés sans tabou et avec une grande légèreté de ton. Qui plus est, comme son titre l’indique Sex Education, se soucie aussi de pédagogie. Mais une pédagogie cash, prenant les situations à bras le corps. Comme cette démonstration générale sur le mode opératoire d’une fellation réussie. Il y aurait de quoi se planter lourdement. Mais non, le miracle est là et on sort de cette thérapie de groupe avec la banane.
Et ça, c’est toujours bon à prendre.
Personnages/interprétation : 9/10
Scénario/Histoire : 8/10
Réalisation : 7/10
8/10
++
Critique originale publiée sur le Magduciné