Il s'agit d'une série télévisée composée de six chapitres d'une cinquantaine de minutes chacun : 1. Innocence et panique, 2. L'art de cacher la poussière sous le tapis, 3. Paula, 4. La vallée des larmes, 5. Les analphabètes, 6. Au milieu de la nuit, dans une maison obscure, quelque part dans le monde. Bergman en fera ensuite une version condensée de 2h48 pour le cinéma. Je parle ici de la série originale. Le film est incroyablement brut et présente sans doute une fusion entre l'autobiographie, Bergman a été en couple pendant cinq ans avec son actrice principale et a eu une fille avec elle, et la fiction. Pas de fioritures, des décors réduits à l'essentiel, presque pas d'extérieurs, il s'agit ici de filmer l'évolution d'un couple sur une durée de 20 ans, du bonheur factice aux masques qui tombent, de la séparation à une sorte de « renaissance ». Les deux acteurs principaux, souvent cadrés au plus près, occupent la plus grande partie du film. Leur performance est extraordinaire. Liv Ullman a d'ailleurs obtenu plusieurs prix importants pour son rôle, ce qui est parfaitement justifié car elle est absolument hallucinante. Si Bergman a écrit le film en trois mois, puis tourné en quatre, il confiait qu'il lui avait fallu « une vie entière d'expérience ». La fin du film reste, malgré un apaisement apparent, bien ambiguë comme le confirmera la suite tardive (c'est le seul film sur lequel Bergman ait choisi de revenir) Saraband, tournée 30 ans plus tard avec les deux mêmes acteurs.