Painkiller
6.8
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Série Netflix (2023)

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Bordel je hais le catalogue produit par Netflix. C’est surement la plus grande usine à aliénation moderne ; tu sais pas ce que tu veux regarder ? Consomme de la merde !

On a recommandé à ma famille cette série, et on a accepté de regarder. J’ai principalement vu l’épisode 1, et même si j’ai vu quelques parties d’autres épisodes, je peux confirmer que ça suffit pour se faire une idée d’ensemble.


Tournons pas autour du pot plus longtemps ; le niveau d’écriture est extraordinairement mauvais, pour pas dire le pire de la raclure de chiotte. L’épisode 1 te balance les pires clichés qui soient, dans la mise en scène comme les personnages, les éléments scénaristiques ou les dialogues. Parlons juste des 20 premières secondes. Record du monde ! La série montre dès ce moment qu’elle ne vous proposera jamais rien d’autre que de la facilité ! C’est vrai quoi, pourquoi impliquer émotionnellement et esthétiquement nos téléspectateurs quand on pourrait juste dire « tiré d’une histoire vraie », et vous mettre la mère d’une victime en train de chialer pendant de très longues secondes. Mettez-moi les violons et tout l’orchestre avec tant que vous y êtes, car visiblement faire quelque chose de travaillé et subtile ça vous touche une couille sans faire bouger l’autre ! Pareil, condamnez d’amblé les spectateurs qui ne seraient pas assez émus par cette pauvre mère qui a perdu son bébé, car celui-ci est surement un être immoral ! Un monstre ! Voilà ce que ça veut dire cette scène d’introduction. Ça me gonfle déjà le « tiré d’une histoire vraie », parce qu’on va ensuite te pondre un truc bien édulcoré sans saveur avec un scénario convenu pour éviter que les gens se désintéressent ou soit trop offusqué. Mais là c’est le summum du foutage de gueule et un terrible aveu d’échec ; du sensationnel parce qu’on sait pas faire de l’émotionnel sans être dans l’excès.


Après ça on a quoi ? Bah n’importe quel film/série avec un protagoniste qui te révèle toute la chronologie des évènements et te raconte aussi ce qu’ont fait chaque acteur, en ant par l’antagoniste. Au-delà du fait que ce soit très stéréotypé, donc sans originalité et convenue, ça rend la construction de cet empire pharmaceutique quelconque, parce que cette approche a été répétée tellement de fois qu’au final je serais tenté de te dire que je sais comment tout se fait.


Quoi que, je dis ça, mais la réalité c’est que ce genre de trucs, la série s’en fout et ne prendra jamais le temps de le raconter – sauf par des photostocks et des dialogues abrutissants – parce qu’elle veut aller droit au but, sur les effets de la drogue. C’est logique et même louable, je ne vais pas critiquer ça, mais je critiquerais plus le fait qu’au final, le poids d’une telle organisation, l’influence profonde, la réalité de l’Etat Américain qui se laisse volontairement perméable au lobby qui va ravager tous ces gens… à la trappe ! Sauf quelques images vulgaires et dialogues explicites, ce ne sera jamais montré, ni expliqué, et ça rend à nouveau cet « ennemi », à l’exception de son principal antagoniste, flou, plutôt qu’immesurable du fait de son poids si imposant.

Pourtant ça confisque la peine et les craintes de se dire que ça existe, car si l’on sait avec cette série que des lobbys et groupes industriels de ce genre existent toujours et seront toujours nos ennemis, ne rien montrer de leur vrai pouvoir, en dehors de l’évident, l’atteignable, et l’individuel – et donc l’individualisme – c’est rogner à la fois sur la capacité de créer un sentiment confus voire anxieux chez le téléspectateur, et au final, c’est confisquer quelconques réflexions sur la nature des enjeux. Ce que je veux dire, c’est que oui, on a un ennemi, et la série le dit (à défaut de savoir le montrer, hein…), mais elle en montre si peu que c’est comme si on affrontait une menace inexistante, résumée à 1 individu et son entreprise, plutôt que toute la structure (car l’épisode 1 nous fait bien comprendre que l’antagoniste est presque responsable de tout le malheur du monde, entre la reprise des idées de son aïeux pour corrompre encore plus ses idées, et l’aboutissement réel de l’empire avec la création de la drogue. Les détails comme ses associés ou sa famille qui se disputent l’héritage et les dettes, bah c’est secondaire au final).

Et ça va pas être la diva bourgeoise avec sa nouvelle acolyte instagrameuse qui permettra de développer le propos sur toute cette structure et les conséquences profondes d’une telle machinerie, parce qu’à nouveau, réduire un phénomène si violent et systématique à quelques individus réduit intrinsèquement la portée de la menace, et donc du propos (bien que je pense que c’est en partie fait exprès. Faudrait pas que messieurs dames soient trop clivés, et puis pourquoi faire tant d’efforts quand on peut faire si peu ?).


Ce manque de contexte, on le retrouve aussi dans l’absence d’explications de comment fonctionne la drogue, en dehors de "c’est une morphine puissante". Pire encore pour expliquer son succès, l’antagoniste te dit que vu que les gens n’associent pas ce nom avec un effet négatif (la morphine), ça se vendra comme des petits pains !

Mais prend moi pour un con. T’as bâti un empire sur « ils feront pas le lien » ? Et même si les circonstances avaient été à peu près similaires dans la vraie vie (j'y crois pas), bah à nouveau me prend pas pour un con en faisant soit un raccourci d’attardé, soit par un manque de subtilité absolue (peut-être que la proposition de la série tient dans son vide en fin de compte). D’autant plus que l’entreprise était censée être au plus bas au moment de la succession, en quoi cette unique drogue a tout relancé ? Y avait vraiment que ça ? Parce que c’est pas crédible une nouvelle fois d'imaginer que c'est suffisant alors qu'on nous vendait l’hécatombe 2 minutes auparavant !

Mes souvenirs sont un peu flous sur ce point, donc si je me trompe je m’en excuse, mais il ne me semble pas que l’antagoniste était désigné comme 1er successeur, donc… comment il a pris le pouvoir ? Ça vraiment vous ne pouviez pas le raconter ? Sous prétexte que ça ne parle pas d’Oxytocin ? Pourtant c’était pas incohérent ni impossible ; en racontant son ascension, on raconte par la même comment il a développé l’idée de la drogue pour se légitimer auprès de tous, et c’est ainsi légitimé face à n’importe quel autre candidat (quelque chose façon Staline aurait été génial quoi, mais je crois pas qu’ils connaissent ce mot (génial, pas Staline messieurs, je sais que vous êtes pas doué, mais y a des limites)). Au final, on aura droit à un public test qui dit ce que tel mot lui fait penser (mais on est en maternel là ?), et son idée balancée à la va vite pour expliquer comment il en est venu là... tout un épisode, mais que quelques minutes dessus (d'autant plus que ses associés sont sceptiques jusqu'au bout de ses propositions, donc à nouveau, COMMENT a-t-il pu monter si vite ?).

La sensation, c’est qu’on a un empire sans armée ; difficile d’y croire.


Je parle depuis tout à l’heure de l’insipidité des dialogues, qui ont la tendance de faire à la fois dans l’exposition, tout en ne disant rien, parce que l’exposition n’est qu’un moyen de faire avancer la série - comprenez son scénario - pas la faire vivre, et encore moins la rendre crédible ou autre ; tout ce qui se e ne remplit que des cases, et la logique s’en va. Rien de tel alors qu’un protagoniste qui va être interviewé et tout nous révéler dans le moindre détail ! Ah bah oui ! Je commençais à me faire chier !

Ça n’a jamais été une bonne idée ce délire d’une personne qui raconte tout, parce que c'est à la mise en scène de raconter, pas une personne qui va tout te dire ! Et même si on ne l’entend pas H24, ça n’en est pas moins inable d’avoir ce genre d’interventions qui vont nous dire ce qui se e – et presque ce qu’on doit en penser – et qui coupent le rythme. D’autant plus que la série ne sait pas quel style prendre entre ce style trop formel, et l’adoption du point de vue du prolétaire blessé qui doit consommer ces médocs ; la différence de style et de contexte jure énormément, j’ai l’impression de ne pas être dans la même série, et ça casse encore plus un rythme déjà mal maitrisé !


Mais le summum de la nullité, l’apogée de l’imbécilité, l’exploit le plus abyssal, c’est le coup de l’hallucination de l’antagoniste avec son ancêtre, avec qui il va dialoguer… donnez moi de ces médicaments en fait, j’en ai besoin. C’est le symptôme de la médiocrité ; quand tu sais pas comment traduire la conflictualité interne, les pensées, ou juste les motivations de quelqu’un, tu les lui fais dire littéralement ! Mais vu que s’il parle tout seul, les gens réaliseraient qu’on les prend pour des cons, bah on rajoute quelqu’un devant ! Mais pour bien montrer qu’on parle de ses pensées à lui, on fait de son interlocuteur quelqu’un qui existe pas !

C’est qu’il y en a là-dedans ! Et en bonus, le protagoniste aura l’air un peu schizo, c’est bien ça ! On montre que le méchant est vraiment super méchant parce qu’il est un peu fou ! Et ça le déshumanise un peu en plus ! Parce que bon, les fous l’ont pas voulu bien sûr, mais ils sont bizarres hein ! Et vu qu’en plus, lui il est un peu foufou, et les nobles gentils prolétaires le sont pas, ça montre que vu qu’ils sont pas fous, ils peuvent pas être corrompus !

Je caricature mais c’est très exactement ce que ce genre de pratiques illustrent ; on est même plus dans une même réalité puisque l’antagoniste la vie autrement, parce que le montrer par ses ressources, ses intérêts, et comment ces premières vont permettre de répondre à ces dernières, c’est visiblement trop compliqué (l’horreur, quasiment le matérialisme). Plus que de ne pas savoir comment raconter quelque chose, puisqu’à nouveau on a un personnage qui va déclarer toutes ses intentions, tout en ayant l’audace de croire qu’il est bien amené par l’intervention de la sacro-sainte hallucination, on va avoir une astuce vue des centaines de fois dans des centaines d’œuvres différentes, achevant de nous prendre pour des abrutis absolus en profitant de notre crédulité.


Et on a le droit à la même en termes de mise en scène et de montage ; quand on a un truc très compliqué pour le spectateur moyen (à savoir un américain), on te met des jolies images de scientifiques, de vieux dessins animés, ou d’assemblage en industrie pour rendre le propos clair. Parce que oui, en plus de tout te dire, on te montre ce qu’il faut pas ; la facilité par des images simples, consensuelles, faciles à monter, et qui ont l’air « esthétique » parce que vieilles mais aussi dans le thème. Ajoutons à cela que c’est ajouté pour rendre le propos plus savant, car si le spectateur venait à comprendre que ce qui est dit est une vulgarisation épurée, il pourrait se réveiller et changer de série. Mais s’il a de jolies images avec des scientifiques, il pourrait s’identifier à ces derniers, ou juste avoir de la sympathie pour ces jolies et vieilles images, et ainsi se prendre au jeu.

Le niveau 0 de la mise en scène, accompagné du niveau 0 de la narration, et du niveau 0 du scénario.

Je hais le catalogue Netflix.


Enfin, pour votre plus grand plaisir, j’aborderais pour finir la mise en scène (déjà largement dénoncée) plus particulièrement dans la manière de filmer la souf du prolétaire blessé au travail, et bientôt par l’Oxytocin. Des manières de le faire, ils n’ont peut-être pas pris la pire, mais c’est pas une recette qui gagne non plus. La façon dont il va être blessé est si évidente que la seconde ou on voit la pelleteuse, on comprend qu’il va être renversé ou fracturé, mais pire encore, ils font des plans très lourds sur la pelle, qui se secoue dans tous les sens parce que son con de fils sait pas faire preuve de responsabilité. Mais comment donc ça peut bien finir ? Bah quand ça arrive, t’es pas surpris, ni ému en conséquence, parce que t’as déjà eu le temps de t’y faire.

A la limite ça e, ça n'est qu’un détail rapide. Mais tout le reste suit ; parce qu’on ne filme plus du point de vue de la protagoniste ni de l’antagoniste, qui pouvaient « justifier » la mise en scène, le montage et les dialogues aux fraises sur significatifs, l’équipe de tournage s'en trouve à faire preuve de plus de « modestie », mais ça marche pas. Dans l’épisode 2, il me semble, le prolo, défoncé par la drogue, ne réalise même pas qu’il mange son propre doigt avec son burger, puis s’effondre dans un malaise ou on voit qu’il souffre le martyre. Comment on le film ? En secouant la caméra, avec tout le monde qui crie, tout le monde qui panique, tout le monde qui se précipite, et le son qui sature sous une musique façon industrielle avec tous les instruments qui tirent. De nouveau, aucune subtilité ; évidemment que, cas similaire, je serais pas à l’aise si on me crie dessus, mais ça va pas te rendre plus intelligent par contre, parce que tu filmes dans l’excès une scène qui, même dans une situation où on ne saurait pas ce qui arrive, ne justifie pas une telle irritation. On ne sait tellement pas comment faire ressentir le stress qu’on génère la panique.



Que conclure ? Les véritables ennemis de la série ne sont pas l’entreprise ni son PDG, mais ce con de fils qui a bousillé son père, et son médecin, pas parce qu’il distribue en toute impunité de la drogue, mais pour son « humour ». Dire à son patient qu’il risque des effets secondaires en criant avec un accent allemands (pourquoi ?) "ZE CONSTIPATION !" et en continuant de rire à sa "blague" comme si c’était un exploit, ou même drôle… bah j’ai regardé dans la convention de Genève ; même les nazis faisaient pas ça.


La série se le permet par contre, pour tout ce qu’elle offre ; c’est bien une criminelle de guerre. Si vous tenez à votre dignité, fuyez (de Netflix ?)

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le 10 févr. 2025

Critique lue 49 fois

Hic-Sunt-Dracones

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