La Maison des bois
8.5
La Maison des bois

Série ORTF (1971)

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Dans la chaleur du foyer

Il m'est très difficile d'écrire sur la Maison des Bois, même trois semaines après le visionnage. C'est rare mais ça arrive : l'oeuvre vous marque parfois durablement, laisse une trace inaltérable dans le coeur et dans l'esprit. Et la Maison des Bois n'est pas n'importe quelle oeuvre, bien évidemment ... Longue toile impressionniste réalisée pour la télévision, il s'agit de l'un des premiers films de Maurice Pialat, et peut-être son plus définitif, celui qui évoque les plus belles et les plus délicates émotions.

On peut dire beaucoup de choses sur Pialat, encore faut-il avouer qu'il est l'auteur de la spontanéité. Il y a de la magie dans son cinéma, et une tendresse qui enlace ses acteurs et ses personnages dans la même étreinte continue. Avec lui, tout paraît vrai, comme si l'on avait jarté l'artifice pour ne garder que l'essence. Sans volontarisme aucun.

La Maison des Bois, c'est ça. Une fresque intimiste de plus de six heures construite dans la même justesse de ton, sans un moment de trop. Un merveilleux travail d'orfèvre. Pureté absolue du geste cinématographique, que Maurice Pialat dessine à la façon toile impressionniste. Il était peintre avant d'être cinéaste, d'ailleurs, et ça se voit. La Maison des Bois fait continuellement référence à la représentation picturale, laissant ses personnages s'animer dans de somptueux plans naturels et évocateurs, dans la verdure du bois, dans la chaleur du foyer de Maman Jeanne.

Au delà du délice visuel, la Maison des Bois est l'un de mes plus beaux moments de cinéma, et je le dis comme je le pense, sans aucune retenue. Parce que chez Pialat, les plus petites choses et les moindres postures deviennent des trésors. Tout résonne avec la même évidence bouleversante. Perdu dans la maison et ses alentours, je me suis surpris à verser des larmes devant des séquences dénuées de la moindre gravité, une comptine de Bébert, le "je t'aime Maman Jeanne" de Hervé avant de dormir, les marivaudages de Marguerite. Et cette fin, bien sûr, l'une des plus belles de l'histoire du cinéma, l'une des plus simples aussi. Pas besoin d'en rajouter, pas besoin de faire dans l'ostentation, on a juste vu ces trois oiseaux du paradis prendre leur envol, un petit temps. Et ce fut diablement beau.

Je vais m'arrêter là, parce que les émotions ressenties déent largement mes capacités rédactionnelles.

Juste, chapeau l'artiste. Et merci. Merci du fond du coeur.
10
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le 14 janv. 2015

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Nwazayte

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