Malgré une diffusion trop discontinue qui amenuise quelque peu la hype finale, ce baroud d'honneur en forme de deux longs épisodes (1h et 1h25) dégage une aura conclusive poignante, pour quiconque s'est lancé dans cette bataille pour la liberté - aux côtés d'Eren, Mikasa et Armin - il y a plus de 10 ans. Une tranche de vie dédiée à offrir son cœur à ces jeunes héros, pris dans le jeu de massacre monstrueux de leurs aînés. Eren a enclenché son Grand Terrassement apocalyptique, piétinant impitoyablement l’humanité hors des murs. Rares sont les récits qui ont réalisé leur trame destructrice sans qu’elle ait pu être évitée par les héros. Les survivants de l'armée de Paradis, alliés aux Titans Primordiaux restants, tentent alors d'arrêter cette légion de titans Colossaux qui déferlent sur le continent. Évidemment, on ne boudera pas la réinterprétation plus dramatique des thèmes clés de l'anime, accompagnant les superbes moments de bravoure par des orchestrations puissantes et riches, ainsi que les compositions pianotées vibrantes de Yamamoto, ne soulignant que davantage cette finalité.
Le studio MAPPA a bien conscience du statut conclusif et déterminant de cette dernière partie, et les délais supplémentaires qu'ils se sont accordés ne leur donnent aucunement droit à l'erreur. Ils se sont effectivement surés, conférant une véritable allure cinématographique à cette étape finale. La composition des plans est superbe, offrant de belles textures typées dessin à la main, et une esthétique qui permet de singulariser ces deux derniers épisodes, notamment à travers des couleurs ambiantes riches, dont la dominance de tons verts et ivoires dans le climax (rappelant le style de leur Idaten Deities, ainsi que la fin d'Evangelion). C'est une charte graphique mature, qui se place parmi leurs plus belles productions, avec une animation affinée, en particulier dans l'intégration des CGI - auxquels le studio a un peu trop recours. Il reste un peu d'aliasing étrange sur certains modèles 3D dans les ages plus complexes, ainsi que des titans grossièrement affichés sur les vues éloignées. Cela n'empêche en rien de profiter de séquences visuelles surprenantes, et d'une gestion renversante de la caméra dans l'espace en 2.5D, virevoltant au gré des équipements tridimensionnelles et des échelles gargantuesques des titans.
Le montage défie la chronologie, et peut paraître un peu confus par moment, malgré le découpage en cinq chapitres. La profondeur apportée aux protagonistes, notamment Eren devenu détestable, tout en étant torturé en permanence par ses actes, ou bien l'issue des évènements parcourant différentes réalités et dimensions, demandent assurément une relecture. La narration s'attarde également, avec émotion, sur ses amis d'enfances qui se refusent à en faire un nouveau Lelouch, ainsi que sur les changements de mentalité au seuil de cette apocalypse, particulièrement entre les peuples d'Eldia et de Mahr. Cette plongée dans les psychologies des personnages est régulièrement illustrée par des plans très détaillés des yeux - un motif récurrent de l'anime, qui rappelle également le soin apporté par MAPPA à la saison 2 de Vinland Saga pour transmettre cette sensibilité de contemplation et vulnérabilité inscrite dans chaque cellule des personnages. Au travers de ces derniers chapitres animés, Yuichiro Hayashi et Jun Shishido délivrent un réel sentiment de conclusion, mû par la même beauté viscérale qui a initié cette adaptation titanesque.