Tirée d'un roman qui m'avait paru plutôt bon dans mon adolescence, cette série fait un travail honnête mais sans jamais décoller vraiment. Elle se place également sur un créneau où il y a eu de très bonnes choses ces dernières années. D'ailleurs, même si l'époque et la trame sont très différentes, il est étonnant de constater à quel point le très récent Mindhunter partage une même idée de départ.
La reconstitution de New-York est crédible avec une esthétique sombre et bien travaillée mais on garde une certaine distance à la différence par exemple d'un Peaky Blinders dans lequel l'ambiance poisseuse de Birmingham devient vraiment familière. Pourtant il y a un vrai effort mais il manque un peu d'âme, même dans la rue des travestis qu'on suit tout du long de la saison. Pour faire une autre comparaison, Gangs of New-York (qui n'est pas un chef-d'œuvre hein !) parvenait à rendre le sentiment de misère et de danger bien plus tangible et en beaucoup moins de temps.
Parlons un peu des personnages. Pour une série traitant de la naissance de la psychologie, les personnages n'ont pas un background très poussé. Cela n'est pas forcément grave mais ici le scénario met justement en avant les traumatismes de chacun et joue sur des tensions amoureuses au sein du groupe. C'est le côté le plus artificiel à mon sens, traité de manière assez lourde pour qu'on sache exactement vers quoi on s'achemine dès le début mais qu'on ne ressente pas pour autant de réel connivence avec les personnages. Même les aspects les plus tragiques ne m'ont pas vraiment touché.
Par ailleurs on assiste à la constitution d'une équipe de héros très classique qui malgré tout aurait pu être plus incarnée. Par exemple dans le livre je me souviens que le restaurant où ils se réunissent presque tous les jours prend une véritable fonction rituelle en faisant office de havre soyeux et protégé dans une ville sale et dangereuse. Dans la série on a le droit à quelques scènes de luxe ostentatoire mais le lieu n'est pas nommé et reste un décor comme un autre. A ce groupe de héros on attribue presque mécaniquement quelques faire-valoir secondaires, un mentor (Roosevelt), un personnage puissant mais trouble (JP Morgan) et évidemment un méchant affublé de son homme de main. Encore une fois ce n'est pas un crime d' de ressorts bien connus mais là les ficelles sont vraiment très visibles.
Enfin s'il s'agit d'une enquête qui nous tient plutôt bien en haleine on est très loin des grandes séries policières de ces dernières années. De même les évolutions "scientifiques" de la police, qui sont au cœur de la méthode d'enquête, sont plaisantes à observer mais on n'a pas vraiment de surprise et on n'apprend pas grand-chose à vrai dire. De même pour les rebondissements de la traque qui enchainent d'une manière assez prévisible fausses pistes, moments de tension et révélations soudaines. Là encore c'est souvent bien réalisé mais avec globalement un manque de souffle.
Allez restons-en là pour cette série qui se regarde sans difficulté mais avec un peu d'ennui. On ne boudera pas un certain plaisir mais on n'en attendra pas plus.