Adaptation modernisée, modifiée, massacrée pour certains, de "Dix petits nègres" d'Agatha Christie, "Ils étaient dix" débarque sur la plateforme de streaming française Salto avec beaucoup de promesses, un riche casting et le génial Pascal Laugier à la réal'. Sans s'attarder, c'est probablement la pire série de l'année voire de la décennie et une première erreur de parcours pour le réalisateur de Martyrs.
Rien, absolument rien du réalisateur français ne transparait ici : décors en toc, effets ringards, musique de fond de toilettes, bruitages hasardeux, acting déplorable, mise en scène datée, photo dégueulasse... On a peine à croire que Laugier soit derrière la caméra tant la série est aux antipodes de son cinéma et du cinéma qu'il aime et défend. Nous avons tout simplement droit ici à un pastiche mal fagoté de Lost" du pauvre, bourré de clichés et de dialogues non naturels, d'acteurs qui en font des caisses, de jump scares gratuits et d'un évident manque de maitrise. Et ça dure presque cinq heures...
Dès le premier épisode, contenant à lui seul toutes les tares des cinq autres à venir, le ton est donné : on n'y croit jamais, tout le temps et partout (mention spéciale à l'île et au serpent en CGI). Le reste sera un calvaire, un vrai, avec des répliques surréalistes, un chien qui s'appelle Bertrand, des acteurs parfois redoublés en post-prod et des faux-raccords désastreux... Scénarisé par les auteurs de "À l'intérieur", la série semble tout droit sortie d'une caverne de mauvais goût sans thune adéquate ni idées neuves.
Avec le peu de respect qu'ils accordent à Agatha Christie, la ribambelle de séquences nanardesques, l'incapacité à maintenir un réel suspense et un dénouement capillotracté, Bruno Dega et Jeanne Le Guillou peuvent répondre au titre de plus mauvais scénaristes français des temps modernes. Quant à Pascal Laugier, il s'est probablement fait arnaquer, c'est la seule explication possible. Soit on lui a promis un mensonge (sur le budget, sur le casting, sur la forme à adopter) soit il a vraiment besoin de thunes pour payer ses factures car même s'il doit s'adapter au format télévisuel, le voir proposer un néant artistique de la sorte relève du dégoût le plus total. « Je ne voulais pas d’un look Club Med » avait-t-il dit...