Derrière son pitch plein de promesses, Dr Emily Owens peine à trouver son souffle. La série, diffusée en 2012 sur The CW, se veut un croisement entre la tension d’un hôpital et les remous émotionnels d’un lycée. Une idée originale sur le papier, mais qui s’essouffle rapidement par manque d’audace, de nuance et de constance.
Emily Owens, jeune interne fraîchement diplômée, entame sa carrière dans un hôpital universitaire avec les stigmates bien visibles de ses années de lycée. Incarnée par Mamie Gummer (qui apporte pourtant sincérité et fragilité au rôle), le personnage oscille entre une intelligence médicale certaine et une immaturité affective persistante. Cette dichotomie aurait pu nourrir un parcours touchant, une quête d’assurance dans un monde où l’émotion a peu de place. Mais la série reste en surface. Emily ne grandit pas, elle piétine. Ses réflexions intérieures omniprésentes, souvent surlignées et peu subtiles, finissent par alourdir le récit plutôt que de le rendre introspectif.
Le principal écueil de la série réside dans sa difficulté à trouver son propre ton. Elle emprunte aux codes du teen drama (rivalités féminines, amours contrariées, complexes personnels) tout en flirtant avec les thématiques plus graves du genre médical. Mais cette hybridation manque de fluidité. Les cas cliniques, souvent relégués au second plan, manquent d’intensité ou de complexité morale. À l’inverse, les intrigues personnelles prennent le dessus, sans pour autant offrir une matière émotionnelle suffisamment forte ou originale. Résultat : ni réellement drôle, ni véritablement poignant.
Autre faiblesse : l’entourage d’Emily. Les personnages secondaires, pourtant nombreux, semblent tout droit sortis d’un manuel de stéréotypes. On y trouve la rivale froide et brillante, le meilleur ami secret amoureux, le mentor exigeant mais juste, le séduisant collègue inaccessible… mais aucun ne parvient à s’émanciper de son rôle fonctionnel. Leur développement est trop limité pour qu’on s’y attache vraiment, et leurs interactions avec Emily manquent souvent de relief.
En optant pour une narration très linéaire et des arcs scénaristiques trop convenus, Dr Emily Owens ne parvient jamais à surprendre. L’absence de véritables enjeux sur le long terme (ni tension dramatique, ni évolution marquée des personnages) rend l’ensemble vite répétitif. On devine les retournements, on anticipe les dilemmes, et on s’étonne rarement. La série s’enferme dans une routine qui lasse bien avant la fin de la saison.
Avec une seule saison et une audience rapidement décroissante, l’arrêt de la série paraît inévitable. Non pas qu’elle soit fondamentalement mauvaise – elle est même parfois touchante – mais elle ne parvient jamais à imposer une voix ou une identité claire dans un paysage télévisuel déjà saturé de séries médicales et de drames adolescents. Elle ressemble trop à d’autres, sans jamais en égaler la finesse ou l’impact.
Dr Emily Owens est une série qui, malgré une idée de départ pleine de potentiel et une actrice principale investie, ne trouve jamais vraiment sa voie. À force de vouloir parler à tout le monde – les amateurs de séries médicales, les nostalgiques du lycée, les adeptes de romances contrariées – elle finit par ne toucher personne en profondeur. Ma note de 4/10 reflète cette frustration : on sent que quelque chose aurait pu naître ici, mais cela reste inabouti, trop sage, trop flou.