Une page d'amour
7.1
Une page d'amour

livre de Émile Zola (1878)

Loin du bruit et de la fureur !!!


J’étais si calme, j’étais si heureuse. C’est un coup de foudre dans ma
vie. Pourquoi moi ? pourquoi pas une autre ? car je n’avais rien fait
pour cela, je me croyais bien protégée…



Entre les turbulents et célèbres L'Assommoir et Nana, dans Les Rougon-Macquart, il y a une pause assez méconnue, douce, feutrée, à mille lieues de la crudité, de la brutalité, de la bestialité même, de la plupart des autres romans composant l'ensemble de cette oeuvre unique littéraire mythique de l'immense Emile Zola. Attention, cela ne veut pas dire que la cruauté des ions n'est pas présente, au contraire... ; mais c'est juste qu'elle s'insinue dans un cadre plus paisible, intime, à distance du bruit et de la fureur.


Hélène Grandjean, née Mouret, veuve de son état, vit une existence tranquille dans un calme appartement à y, avec sa fille, Jeanne, aussi maladive, obsession de l'hérédité zolienne oblige, que jalouse et possessive. Une des crises violentes de cette dernière va pousser sa mère à faire appel dans la panique au docteur Deberle, son voisin. C'est le début d'une ion qui va se mettre petit à petit et l'air de rien en place...


Un Emile Zola assez étonnant où la délicatesse dans la description des sentiments qui animent les personnages va côtoyer la poésie de celle d'une toile de fond parisienne ; la capitale qu'on voit de l'appartement, personnage à part entière, immuable, éternelle, dont les variations de temps semblent suivre les humeurs des protagonistes, voire même quelquefois les annoncer. Je vous laisse sur une de ses belles descriptions...



Aimer, aimer ! et ce mot qu'elle ne prononçait pas, qui de lui-même
vibrait en elle, l'étonnait et la faisait sourire. Au loin, des
flocons pâles nageaient sur Paris, emportés par une brise, pareils à
une bande de cygnes. De grandes nappes de brouillard se déplaçaient ;
un instant, la rive gauche apparut, tremblante et voilée, comme une
ville féerique aperçue en songe ; mais une masse de vapeur s'écroula,
et cette ville fut engloutie sous le débordement d'une inondation.
Maintenant, les vapeurs, également épandues sur tous les quartiers,
arrondissaient un beau lac, aux eaux blanches et unies. Seul un
courant plus épais marquait d'une courbe grise le cours de la Seine.
Lentement, sur ces eaux blanches, si calmes, des ombres semblaient
faire voyager des vaisseaux aux voiles roses que la jeune femme
suivait d'un regard songeur. Aimer, aimer ! et elle souriait à son
rêve qui flottait.


8
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Créée

le 12 mars 2017

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Plume231

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