Raaaah c'était trop bien!
Anne Crignon retrace cette histoire avec un savant mélange d'humour et d’authenticité. J'ai eu l'impression de lire un roman. Elle a su rendre l'âme des protagonistes de cette grève, l'atmosphère de la ville pendant les évènements avec simplicité en seulement 150 pages!
Pour illustrer son récit elle s'appuie sur des extraits de témoignages rapportés par Anne-Denes Martin et retranscris tel que formulés, sans retirer les répétitions et la façon si particulière qu'ont de parler les vielles Douarnenistes. Ce qui fait qu'on "entend" l'accent quand on lit pour ceux qui le connaissent. Au age ça permet de remettre les femmes qui ont mené cette grève au centre de l'histoire, celles qui ont été invisibilisée par la suite. Et puis elle commente ça comme une vraie Rouge, que du bonheur pour moi!
Quand j'étais étudiantes j'ai bossé dans plusieurs usines de poisson de la ville. Je reste très marquée par les conditions de travail merdiques : emballer le poisson à l'arrivée des bateaux jusqu'à ce qu'il y en ait plus, juste le minimum légale de pause. Découper le jaune et le vert de poissons déjà pourris pour en garder la chair encore utilisable ("c'est légal de faire ça??" "quand l'hygiène e, l'usine est prévenue, ils cachent ça et sortent les beaux poissons"). Les cheffes d'équipes tyranniques qui te chiquent à la moindre relâche. Pas le droit d'utiliser trop les "reposes fesses", faut rester debout toute la journée parce que ça te rendrait moins productif. Le bruit des machines toute la journée, les looooooongs couloirs pour aller prendre sa pause dans une pièce sinistre. Tout ça pour un salaire de merde évidemment. Les ouvrières nous le disaient "t'as raison, fais des études, moi j'aurais pas dû quitter l'école, c'est pas une vie". J'ai tout le respect du monde pour les gens qui bossent en usine depuis.
Du coup ça a touchée une corde sensible de lire les conditions encore plus merdique du début du 20ème siècle, de lire comment un jour elles se sont révoltées et surtout de lire tout ce qui a mené à la victoire. Parce qu'il faut voir comment ça s'est é! Les communistes qui sont arrivés pour les aider à s'organiser, le soutiens des paysans, des commerçants de la ville et de l'argent qui vient de toute la et même du gouvernement! Même les flics trouvaient la situation injuste et rechignaient à mater la grève.
Bref un bel exemple à méditer.